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ÉDITORIAL : Roturier ou Chef étoilé?

ÉDITORIAL : Roturier ou Chef étoilé?

Le thème de notre dossier, De l’Anxiété à la Sérénité, aurait tout aussi bien pu être De la Colère à la Clémence, De la Peur au Courage ou encore De la Captivité à la Liberté. Tout comme nous aurions pu choisir De l’Emprise à la Maitrise.

Car si on y regarde de plus près, l’anxiété est à la sérénité ce que la colère est à la clémence, la peur au courage et la captivité à la liberté : une question de maitrise.

Dans chaque goutte d’eau…
Le Bouddha nous enseigne que dans chaque goutte d'eau se trouve l'océan tout entier. En utilisant cette même analogie, nous pourrions dire que dans chaque être humain se trouve l’humanité en entier. 

C’est-à-dire que nous portons tous, en chacun de nous, les aspects les plus lumineux comme les aspects les plus sombres de l’être humain, ses plus belles qualités comme ses plus grands défauts, sa bonté comme sa cruauté, ses plus grandes forces comme ses faiblesses les plus délétères.

Le secret est dans la sauce
C’est donc dire que je possède à l’intérieur de moi tous les « ingrédients » pour me « concocter » une vie aux effluves d’enfer ou de paradis. Et comme pour les grands chefs étoilés, de Dominique Crenn à Heston Blumenthal, en passant par Massimo Bottura, tout est question de dosage…

Bien dosée l’anxiété sera un guide capable de nous avertir d’un danger, la colère viendra imposer à l’autre une limite à ne pas dépasser et la peur pourra nous conseiller sur le prochain geste à poser, ou pas. Mais utilisés sans discernement, on perd non seulement le contrôle de notre « cuisine », mais on passe de chef étoilé à roturier.

Dénigrer, valoriser ou apprendre à doser?
Comme on vit sur une planète où règne la dualité, nous avons appris à diviser le beau du laid, le bon du mauvais, le bien du mal, valorisant l’un et dénigrant l’autre. Dans le camp du « beau, bon, bien » on trouve la sérénité, la clémence, le courage, la bonté, la générosité, la patience, soit tout ce qui est valorisé.

Et dans le camp adverse, celui du « laid, mal, mauvais », on trouve l’anxiété, la colère, la peur, l’égo, l’impatience, soit tout ce qui doit être banni. Mais si je bannis de ma vie des « ingrédients » qui, bien dosés, étaient là pour m’aider, je risque de rester roturier sans jamais accéder au titre de chef étoilé pour lequel non seulement moi, mais nous sommes tous destinés! 

Une simple question de dosage
Prenons l’exemple de l’anxiété. Si on lui ferme la porte au nez chaque fois qu’elle vient attirer notre attention sur une personne ou une situation, on va tomber dans le piège qu’elle tentait de nous éviter, ou elle va crier de plus en plus fort pour nous réveiller, à un point tel qu’elle va finir par contrôler toutes nos pensées.  

Mais si on apprend à l’écouter, à décoder ce qu’elle tente de nous exprimer, non seulement elle n’aura plus besoin de crier, mais nous allons pouvoir, ensemble, développer une relation faite de complicité. 

Le trop n’est jamais bon en rien
La Vie ne nous demande pas d’être toujours vertueux, bon, serein, souriant, généreux ou patient. Tout comme elle ne nous interdit pas d’avoir un égo, d’être impatient, anxieux, en colère ou peureux. Si elle a mis tous ces « ingrédients » à notre disposition, c’est qu’elle savait que nous pourrions en avoir besoin pour mener notre vie à bien.

Elle nous demande cependant d’apprendre à bien les doser en les utilisant au moment approprié; à ne jamais être sous leur emprise, mais à développer notre maitrise.

Une petite recette pas piquée des vers
Si l’anxiété peut vous paralyser, la peur vous pétrifier ou la colère vous emporter, posez-vous la question : est-ce que je veux vraiment demeurer roturier ou si je ne préfèrerais pas plutôt accéder au rang de chef étoilé? Après tout, c’est ma « cuisine »! 

Chef étoilé? Alors je connais une petite recette pas piquée des vers qui pourra vous aider à passer de l’emprise à la maitrise; quatre petits ingrédients qui, bien dosés, vont vous propulser au rang des étoilés : une part d’introspection, une d’écoute, deux de bienveillance et un brin de patience. Et là… Attendez-vous à gouter au paradis.

 

Lucie Douville, Éditrice

Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article

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