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VIVRE À 2 : Si, comme moi, tu as perdu un être cher

VIVRE À 2 : Si, comme moi, tu as perdu un être cher

Celle qui fut mon épouse pendant cinquante ans est décédée…

Par Jean Proulx, Philosophe

Je m’adresse à vous, toi ma sœur et toi mon frère en Humanité, qui avez peut-être aussi perdu un être cher. Je souhaite que ces quelques mots que je vous écris nous aident tous à consentir à ce qui est arrivé et qu’ils nous permettent de repartir, un jour, sur un chemin de beauté.

Accompagner cet être qui va me quitter
J’ai dû accueillir ce « visiteur importun » - avec son lot de souffrance et sa mort annoncée - entré en la chambre de cette femme que j’ai aimée. Jour après jour, l’acte de vivre devenait pour elle un affrontement avec sa fragilité. Mais j’ai toujours senti que, au cœur même de cette maladie qui la conduisait à la mort, elle entendait en son être profond un mystérieux appel du sens et de l’amour.

Oui, en son cœur, un ordre intérieur la guidait. Elle a su donner un sens à ce qui nous paraissait inacceptable. Ce qui était beau et que j’ai pu saisir, dans le calme et le détachement avec lesquels elle vivait sa maladie mortelle, c’est cette merveilleuse transformation de « ce qui paraissait inacceptable » en « l’acceptation sereine de ce qui est ».

Mon deuil porte en lui sa force de guérison
En cette épreuve du deuil, j’ai dû aussi aller puiser en ces ressources de mon âme pour y trouver le courage de poursuivre ma propre route. Il existe, en fait, une sublime beauté en tout acte imprégné de courage. Et l’épreuve m’appelait aussi au dépassement. Comment ne pas me rappeler que cet être que j’ai aimé et la vie elle-même ne m’ont été que prêtés?

J’ai beaucoup à apprendre de cette montagne intérieure du deuil que je suis encore aujourd’hui appelé à gravir. Le chemin que j’ai à parcourir est celui qui mène à l’amour et au détachement, à la renaissance et à la joie de vivre. Mais je sens déjà que mon deuil porte en lui sa force de guérison. Et il m’invite à accueillir en moi la résilience, cette volonté et cette force de rebondir malgré la peine qui m’habite.

Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article

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