« Même si je savais que j’étais un gars courageux, discipliné, engagé intérieurement parlant, je ne savais toujours pas qui était David Bernard. J’ai donc pris la décision de tout quitter pour mieux comprendre qui j'étais et ce que j'allais faire de ma vie. À 19 ans, je n'en avais aucune idée. Tout ce que je savais, c'est que j'étais un athlète performant. » David Bernard
Lucie Douville
David Bernard a grandi dans une famille avec ses deux frères. En parallèle de ses études, il a pratiqué la boxe pendant huit ans. Sur les 33 combats qu’il a menés, il en a gagné 30. Il a même représenté le Québec à trois reprises.
Parallèlement à la pratique de son sport, il s’est inscrit au cégep en sciences humaines : sociologie et psychologie. Et puis, à 19 ans, il s’est acheté un sac à dos et il a tout quitté…
Pourquoi avoir tout quitté? Qu'est-ce qui t'habitait à l'époque?
Ça, c’est la question à 100 dollars. J’ai tout quitté parce que je vivais dans la confusion la plus totale. Je pensais être voué à une carrière de boxe olympique. Le jour où j'ai pris la décision de me retirer, je me suis demandé : « Si je ne suis pas un boxeur, qui suis-je? »
J'étais dans une quête de sens. Qui est David Bernard? Et, par-dessus tout, je voulais répondre à une question hyper importante pour laquelle je n’avais toujours pas de réponse : c'est quoi le bonheur pour moi? Je me suis posé cette question des centaines de fois!
Je me demandais quotidiennement : « Qu'est-ce que je peux faire pour être plus heureux, vibrer davantage? » Pour moi, c’était existentiel! Ma vie en dépendait. Et je n'arrivais pas à me trouver bien ici, au Québec. Aujourd'hui, à 47 ans, je réalise avec beaucoup d'humour qu’on n’a pas besoin de s'exiler à l'autre bout du monde pour trouver les réponses à nos questions. Mais à l’époque…
Tu as cru que tu devais partir…
Oui! Ça peut être facilitant parce que tu te retrouves face à toi-même et tu perds tous tes repères habituels : famille, habitudes, quotidien... Tu n'as donc pas d’autre choix que de te déposer sur de nouvelles assises qui sont intérieures et non plus extérieures.
Durant ton voyage dans le désert du Sahara, il y a eu une grosse tempête de sable durant laquelle tu as cru mourir. Qu'est-ce qui s'est passé dans ta tête et dans ton cœur à ce moment-là?
J’étais terrorisé. On s’est fait des tentes de fortune, ce qui veut dire, pour les Berbères, de mettre des couvertures sur les chameaux, de les attacher et de se réfugier en dessous. En quelques minutes les vents se sont mis à souffler à 60 km à l'heure. Tu ne vois plus rien. Tu es immobilisé. Je suis donc dans cette « tente », sous mon chameau avec le maitre chamelier, Mokhtar, qui m'avait pris en affection.
Et là, les questions s'enchainent dans ma tête. J'ai vraiment peur de mourir. Si je meurs, est-ce que j'ai vraiment vécu ma vie? Suis-je passé à côté de quelque chose? Est-ce que j’ai des conflits non réglés? Est-ce que j’ai des excuses ou des pardons à faire à certaines personnes? Est-ce que j’ai négligé des aspects de mon potentiel par peur de briller, peur de l'échec, peur de ne pas être à la hauteur? Tout ça s'emmêle dans ma tête. Ça tourne à 100 milles à l'heure. Je fais un constat de ma vie à la dure... Alors qu’à 20 ans tu te penses immortel, invincible, me voilà face à la possibilité de mourir. Je prends conscience à quel point la vie est fragile. Tu ne peux jamais savoir…
Pendant les trois jours qu’a duré cette tempête, j’ai réalisé que j’étais passé à côté de bien des choses, que ma vie n’était pas aussi en ordre que je le pensais. Ça a créé un effet hyper puissant en moi. Je me suis dit : si je sors de là, je vais faire les choses différemment. J’ai ressenti une urgence de vivre.
C’est l'élément déclencheur qui a tout déclenché. Quand la tempête s’est arrêtée, j'ai eu cette épiphanie de ce que j’allais faire dans la vie. J’allais communiquer aux gens l'urgence de vivre à travers l'espoir, l'amour, le pardon… Le mot qui me venait à l’esprit : ralentir.
J'ai compris l'importance de ralentir pour gagner en clarté et en perspective dans notre vie. C’est devenu le porte-étendard de ma carrière. Depuis 20 ans, le message le plus important que je transmets, c'est l'importance de ralentir. Encore plus aujourd’hui.
Dans un siècle où tout va si vite, comment fait-on pour ralentir et qu'est-ce que ça change dans une vie?
Ralentir a changé ma vie. Ça m'a permis de réellement savourer ma vie. C’est comme lorsque tu prends un bon repas, tu fermes les yeux, tu dégustes… Moi je fais ça tout le temps, tous les jours, depuis 20 ans. Le jour où mes yeux vont se fermer, où je vais rendre mon dernier souffle, je vais pouvoir dire, sans aucune hésitation, que j'ai réellement savouré ma vie. Je déguste. Pour moi, ralentir, c'est choisir des moments propices pour savourer pleinement ce que je vis.
Ralentir permet aussi de gagner en clarté, sinon ça va trop vite et on se sent perdu. Ralentir, c'est apaiser son intérieur pour changer son expérience de la réalité; c’est syntoniser un état de calme, de paix, de joie, de sérénité. Et quand tu es dans cet état-là, inévitablement, tu vas attirer dans ta vie des « trucs » qui vont être en harmonie, en cohérence avec ça.
Tu viens d'écrire le livre Aime-toi et la vie suivra. Pourquoi avoir choisi d’écrire sur la thématique de l'amour de soi?
Parce que, pour moi, c'est la base. C'est la base des bases. Ça passe par là. C'est inévitable. L’amour de soi, c'est la clé de voûte! Si tu ne l’as pas, t’es cuit, ça ne marche pas. L'amour, c'est la plus grande puissance, la plus grande force qui existe dans notre réalité. Si tu n'arrives pas à syntoniser cette énergie-là, à connecter avec sa puissance en te la donnant à toi-même, c’est comme de vouloir faire un road trip avec un réservoir vide. C’est grâce à l’amour de soi qu’on peut prendre soin de soi, qu’on peut prendre des décisions éclairées, qu’on peut aussi prendre soin des autres.
Si tu n'es pas capable de prendre soin de toi, oui, tu pourras t'occuper des autres, mais l'énergie dans laquelle tu vas le faire ne sera pas la même si tu t'aimes profondément. Comment veux-tu respecter les autres si tu ne te respectes pas toi-même? Tu ne peux pas donner aux autres ce que tu ne te donnes pas à toi-même. On doit donc commencer par s'aimer soi-même.
Je pars toujours du fait qu’on est tous des êtres blessés. On est tous abimés par notre passé, par notre éducation, par nos parents… Je dis souvent : « Si ta blessure ce n'est pas de ta faute, ta guérison, elle, c'est ta responsabilité! » Jouer à la victime n’aide personne. Tu as été blessé. Ok. Mais aujourd’hui, qu'est-ce que ça va te rapporter de jouer à la victime? Juste plus de souffrances, plus de déceptions, plus de limitations. Moi, ce n'est pas ça que je veux vivre.
Je pars du principe que : « Ok. Je suis blessé. Je veux me guérir, me libérer. Je veux pardonner. Je veux passer à la prochaine étape de ma vie. » Sinon, si tu restes prisonnier du passé, à un moment donné, ce que tu ne comprends pas par la sagesse, la Vie va te l'enseigner à travers des évènements douloureux. Moi, il y a des choses que je ne voulais pas voir, que je ne voulais pas comprendre, ni entendre, ni ressentir. La Vie me les a mises en plein visage. J'ai frappé le mur à 100 milles à l'heure. Dieu merci, j'avais déjà fait un bon bout de chemin, car l'évolution humaine, c'est un peu comme un oignon, il y a plusieurs couches…
Penses-tu avoir tout réglé?
Je me libère une couche à la fois. Aujourd’hui, je prends la responsabilité de ce qui se passe dans ma vie, de mes émotions, de mes états d'être, de mes pensées. Je ne laisse rien au hasard. Là où je peux agir, j’agis.
Pour toi, la Vie, c'est…
C'est cliché! Mais c’est « Aimer ». La vie, c'est aimer! C’est aimer la Vie. Aimer son prochain. S’aimer soi-même. Aimer les expériences pour ce qu'elles sont, même les plus difficiles. Aimer les épreuves. Aimer. Aimer. Aimer. Aimer. Aimer. Si tu aimes, tu es en harmonie avec tout. Même si c’est difficile, si tu aimes, tu seras en harmonie avec la Grande Force Universelle.
Pour toi, vivre, c'est…
Vivre, c’est savourer chaque instant? Je suis pleinement présent à tout. Je me fais à manger et je me trouve chanceux… J’ouvre le frigo et je me trouve chanceux de voir toute la bouffe qu'il contient. Je bois mon eau filtrée par osmose inversée et je me trouve chanceux d’offrir une eau de qualité à mon corps. Je suis là-dedans tout le temps et pour tout.
Vibrations, énergie, fréquences, attraction, tout est interrelié...
C’est ce qui fait que j’ai une belle vie aujourd’hui.
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article