La plupart des gens reconnaissent la gratitude comme une valeur essentielle. On en parle même comme une façon d’être à adopter : la gratitude-attitude. La psychologie positive dit même que lorsque nous conscientisons l’abondance tout autour de nous et que nous remercions l'univers pour tout ce qui nous est donné, l’abondance va se pointer dans notre vie.
Rosette Poletti
L’idée d’avoir de la gratitude envers soi-même parait parfois saugrenue. Comment peut-on se remercier soi-même, et pour quelles raisons le ferait-on?
En Occident, nous avons été éduqués avec l’idée que l’on n’est jamais assez, qu’il nous manque toujours un petit ou un gros quelque chose et donc, qu’on est surement plus à blâmer qu’à remercier.
Merci à moi de moi? Pourquoi pas!
La chercheuse Tara Brach, auteure du livre L’acceptation radicale, décrit le ressenti des personnes qui ont appris de leur environnement qu’elles n’étaient « pas assez », qu’il leur manquait quelque chose pour qu’elles puissent s’accepter et être acceptées des autres.
Elle nomme ce ressenti « la transe de déconsidération », une situation qui amène une grande partie des gens à se sous-estimer, à nier la dimension positive, créative, généreuse et aimante qui est en eux.
Je ne suis pas digne de…
Ils vivent leur vie en tentant de cacher cette faille qu’ils croient posséder. Pour compenser, ils deviennent alors des drogués du travail, des chercheurs de performance à tout prix pour tenter de pallier cette « insuffisance » dont ils se croient porteurs. Malgré tout, cette culpabilité intrinsèque reste présente et les empêche d’être tout ce qu’ils pourraient être.
Il existe de nombreuses explications à cette transe de déconsidération : certains évoquent le fameux péché originel « inventé » sous sa forme la plus connue par saint Augustin; d’autres évoquent les méthodes éducatives qui ont perduré jusque dans les années 1970. Quelle qu’en soit l’origine, cette forme de dévalorisation est un obstacle à la joie de vivre.
Je suis vraiment une bonne personne
Il existe de petits cahiers « Agenda de bonté » dans lesquels on peut inscrire ses actes de bonté chaque jour. Cela permet de prendre conscience de tous ces actes positifs que l’on fait au cours d’une journée et de se remercier pour cela. Il y a tant de choses banales que l’on fait chaque jour et qui apportent du bonheur autour de nous : sourire à quelqu’un, offrir un café à un ami, écouter l’autre attentivement, pardonner à quelqu’un, céder le passage à un piéton, tenir la porte à une inconnue…
Ainsi, en prenant conscience de tout ce que l’on fait de positif au quotidien, on réalise qu’il y a une multitude de raisons de se remercier, d’éprouver de la gratitude envers soi-même. Plus on a de compassion envers soi, plus on se sent bien dans sa peau, bien dans sa vie, plus on est utile et plus notre vie a du sens.
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article