On devient lumineux quand on ose rencontrer notre ombre. Notre ombre, c'est tout ce qu'on ne veut pas voir, tout ce qu’on met de côté pour montrer une belle image à l'autre. Mais qu’on parle de l'ombre qui est à l'extérieur de nous, des difficultés qui arrivent sur la planète, ou qu’on parle de l'ombre à l'intérieur de nous, nous avons reçu un appel!
Par Lilou Macé
C’est un immense plaisir de retrouver Marie Lise Labonté ici, à Paris, pour parler d'un sujet qui nous concerne toutes et tous, car il est fort à parier que nous aurons un jour à la vivre, il s’agit de la nuit noire de l’âme. On dit même que la nuit noire de l'âme se vit aussi collectivement.
Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir à quel point nous sommes actuellement bousculés, personnellement et collectivement! On a la sensation d’être pris dans un tourbillon. On a de « vieux dossiers » qui ressortent, de vieilles peurs, de vieilles blessures qu’on avait inconsciemment mises sous le tapis.
Marie Lise, qu'est-ce qu'on fait avec tout ça? Et pourquoi maintenant?
Nous avons toutes et tous rencontré des choses qui étaient exigeantes, que notre égo n’a pas aimées ni même choisies. Et donc, depuis trois ans, nous sommes littéralement bousculés. Plusieurs réagissent en disant : « J’en ai plus que là… Je vais me distraire… Je veux tout oublier... » Mais ce n’est pas nécessairement ce que nous devons faire.
Le processus qui est initié intérieurement par les bouleversements que nous avons rencontrés, et que nous rencontrons encore, nous éveille à notre nature profonde. Il y a des gens qui acceptent de le vivre et il y en a qui le refusent. Plus on le refuse, plus on ne fait que retarder l’échéance et plus la Vie va venir nous troubler.
On risque de rencontrer des vagues de plus en plus grosses…
Oui. C’est un passage que nous avons à vivre sur le plan planétaire. Pour tous les êtres humains, le temps est venu d’entrer dans nos profondeurs, de changer ce qui doit être changé dans nos vies; de se réapproprier notre essence, nos besoins, nos gouts… Soit tout ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes.
C'est comme une renaissance…
C’est de naitre à soi.
On est dérangé par tout ce qui se passe, et en même temps on dirait qu’il y a quelque chose d'autre qui veut prendre vie… Qu'est-ce qui pousse derrière?
Premièrement, c’est parce que l'ombre extérieure est là… On nous a imposé des choses que personne n’aurait choisi de vivre consciemment. Bien avant la pandémie, nous avons toutes et tous été endoctrinés à être constamment dans une quête de bonheur extérieur, le bonheur à tout prix! Mais le véritable bonheur ne se situe pas dans la superficialité, mais dans la profondeur.
C’est à l’intérieur de nous…
Oui... C’est notre profondeur qui nous appelle. C'est ce que je nomme dans mon livre le vide intérieur. Nous avons, à l'intérieur de nous, un vide que nous n’avons peut-être jamais osé rencontrer. Ce vide nous aspire actuellement, il nous invite à vivre une transformation profonde.
Nous devons comprendre que ce vide n'est pas vide. Il est rempli d'amour, de lumière. Mais c’est un espace qui nous est méconnu, car on ne nous a jamais éduqués à rencontrer ce vide abyssal. Et pourtant, la personne qui vit ce processus de la nuit noire de l’âme le dit : je me sens vide…, j'ai perdu le gout à..., je ne sais même plus de quoi j'ai envie… Pourquoi? Parce qu'elle n’a pas pris le temps de mourir au superficiel pour renaitre à l’Essentiel.
Mourir… S’abandonner à la vie. Arrêter de vouloir contrôler et accepter ce qui est.
Quand je parle de mourir, je veux dire mourir au passé, mourir à ce qu’on avait planifié, à ce qu’on croyait que serait notre vie. Ce n’est peut-être pas du tout ça qui nous attend. En acceptant de mourir à l’image qu'on avait de soi, tout à coup on découvre que cette image se transforme. C’est la même chose pour l’image que l’on avait de la société, de ses dirigeants, de notre travail. On doit actuellement accepter de mourir à beaucoup de choses.
Tu crois que ce qui est à venir va être plus difficile que ce qui est là?
Je crois que ça va nous demander d'aller puiser dans nos ressources profondes, et non plus dans des systèmes de croyances ou dans une spiritualité qui n'est pas incarnée. C'est un nouveau processus qui nous est proposé aussi bien par nous-même, par nos guides, par la Vie, par les évènements…
Quelle posture adopter alors?
Je dois adopter la posture du guerrier pacifique et puiser en moi le courage d'aller de l’avant et de descendre dans mon vide intérieur pour retrouver cette lumière qui est là. Mais pour ça, je dois d’abord traverser la noirceur. C'est une étape primordiale! Comme j’avance dans la nuit, j'ai l'obligation de regarder les choses différemment. Je ne peux pas prendre ma vision de jour ni celle de mon égo. Je dois aller vers une autre vision. Et là, je découvre que je vois dans la nuit. Et ça, c'est magnifique!
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article