« Souvent, les enfants qui s’opposent avec le plus de véhémence aux standards de la société veulent honorer leur vérité de toute leur âme. Qui a érigé toutes ces étiquettes que l’on colle de nos jours aux enfants : hyperactif, hypersensible, troubles de l’opposition? Et par rapport à quelles normes? À partir de quand commence-t-on à être « hyper » actif ou « hyper » sensible? Ce n’est pas parce qu’en tant qu’adultes nous nous sommes restreints dans notre expression, notre action, que la personne qui est à côté de nous et qui laisse la Vie circuler librement à travers elle et qui, oui, fait peut-être plus de vagues que nous, a un problème! » Gregory Mutombo
Par Diane Gagnon, Auteure, coach, conférencière, animatrice
Faire une interview avec Gregory Mutombo, c’est un immense cadeau de la Vie et un moment de grâce hors du temps. Une rencontre avec Gregory, c’est toujours une porte ouverte sur l’immensité de la Vie, une déconstruction implacable de notre petit moi, une occasion unique de revoir nos croyances, nos fonctionnements, nos comportements, nos pensées et de faire table rase de tout ce qui entrave notre évolution, notre bonheur, notre paix intérieure. On se retrouve face à soi, dans notre vérité.
Ma vérité, ta vérité, notre vérité…
Ce que Gregory Mutombo offre à chacun de nous, c’est une connexion d’âme à âme, sans masque, sans jugement, dans l’amour, le partage, le respect, la joie et la Lumière. Bref, ce que nous devrions tous nous offrir quotidiennement! J’ai discuté avec lui de la manière dont nous pouvons aujourd’hui honorer notre vérité. Ma vérité, ta vérité, notre vérité, est ce qu'il y a UNE grande vérité? Ou avons-nous chacune la nôtre?
Gregory, même si on a jadis été perméable à toutes ces influences extérieures, peut-on ressentir à nouveau à ce qui vibre là, au fond de nous?
Oui car la bonne nouvelle, c’est que si on est capable de voir en soi cette perméabilité mentale, alors on peut prendre conscience du poids de toutes les influences extérieures qui ne sont pas notre vérité. On doit aussi comprendre que toutes ces influences extérieures ont aussi eu un but d’apprentissage pour soi : est-ce que ce que je prends systématiquement pour vrai ce que j’ingurgite, est-ce que telle idée résonne vraiment avec ma vérité? Que vais-je faire désormais de tout ce que j’ai pris pour vrai sans le faire passer à travers le tamis de ma conscience?
Au départ, on adhère au conditionnement collectif parce qu’on a besoin d'être « aimé » par l'entourage, d’appartenir un minimum au groupe, au clan, on veut être en accord; c'est comme un contrat d’allégeance reposant sur une certaine loyauté inconsciente. Il n’est pas agréable d’entrer en opposition permanente avec son père ou sa mère. On a très souvent tendance à penser que l'unité passe par le fait d'être sur la même longueur d'ondes que les autres, même si c'est une longueur d'onde mentale réglée sur la peur du rejet et le jugement.
Paradoxalement, beaucoup croient que c'est en se niant partiellement qu’ils pourront se rapprocher des autres ou, du moins, ne pas trop s’isoler. Puis, on finit par découvrir que la véritable unité n’est pas fondée sur des accords de surface, sur des compromis ou sur une concordance intellectuelle, mais plutôt sur le fait d'honorer sa propre vérité, son unicité. Tant que l’on se contorsionne pour être prétendument plus proche affectivement ou socialement de l’autre, en réalité on s’en éloigne car on progresse sur un chemin de séparation d’avec sa propre vérité. Et se séparant de soi, en se coupant en deux par peur d’être seul ou trop différent, on ne peut évidemment être en unité avec quiconque.
Tu as fait beaucoup de recherches et d’études auprès de divers enseignants. Comment ces enseignements t’ont-ils influencé?
C’est au cours de mon adolescence que j’ai principalement lu des ouvrages portant sur les sujets dont nous parlons aujourd’hui. Je n’ai que très peu rencontré d’enseignants à proprement parler. Ces écrits venaient me dire : « Tu vois, ce que tu sens au fond de toi, il y en a d’autres avant qui l’ont dit; donc même si personne autour de toi n’en parle, ce que tu ressens n’est pas une vue du mental ni un fantasme, cela est, vraiment. » C’était pour moi bien davantage une forme de soulagement au milieu de ma solitude spirituelle qu’un apprentissage. Ce furent parfois des livres, des recueils, des écrits qui m’évoquèrent non pas la vérité - qui est absolument indicible - mais plutôt des directions la suggérant.
As-tu l'impression que certains adolescents qui se rebellent le font parfois pour affirmer leur vérité?
Beaucoup de parents m’ont amené leur adolescent en disant : « Mon enfant a un problème! Il se rebelle tout le temps. Il ne veut pas rentrer dans le moule, il ne veut pas faire d’études, etc. » Mais en fait, ce qui se passe à l’adolescence, c’est que l’âge du cœur amène la conscience incarnée dans le corps à prendre son pouvoir. À cet âge, on est comme aspiré vers cette verticalité irrépressible. C'est donc un temps fondateur dans l'existence.
À l’adolescence, certains vont abdiquer face à eux-mêmes pour entrer résolument ou par dépit dans un carcan familial ou social. Ils vont suivre les études qui plaisent à leurs parents et entrer dans cette fameuse case qui va les rassurer pour l’avenir. Mais il y en a d’autres qui vont refuser et dire « Non! Moi je ne peux pas! ». Ce qui est difficile pour eux, c’est que bien souvent ils ne savent pas encore ce qu’ils veulent « faire » à la place de ce qui leur est demandé. Ils ne savent pas encore quel est ce grand « Oui! » qui va remplacer le « Non! » qui les oppose en permanence à leurs parents.
Les parents doivent comprendre que les enfants ne se rebellent pas contre eux, mais contre un système de croyances qu’ils savent erroné au fond d’eux-mêmes. Les parents ne peuvent pas leur transférer leur expérience, bien que beaucoup s’y acharnent. En outre, ils ne connaissent pas la Vie qui va se dérouler dans le futur pour leurs enfants. Alors cela demande aux parents de faire confiance à ces âmes incarnées dans ces corps d’adolescents et d’honorer ce mouvement nécessairement neuf et inconnu de la Vie.
PARENTS ET ENFANTS : QUI ÉLÈVE QUI?
L’adulte manifeste cette incroyable capacité de se nier, de se conformer, de se rapetisser dans sa vibration pour correspondre aux normes de sa société. Qui a décidé que nous devions nous comporter de telle manière dans telle circonstance? La Vie est neuve à chaque instant! J’aime beaucoup parler d’unicité. L’unité n’est collectivement réalisable sur ce plan terrestre que lorsque chacun se reconnait dans son unicité. Dès lors qu’un parent souhaite qu’un enfant lui ressemble, il nie cette unicité; il choisit la voie de la dualité, celle qui le sépare de l’unicité de son enfant. Il ne reconnait pas à cette âme nouvelle le mandat de venir amener une vibration neuve. Dès qu’un parent dit à son enfant « Je sais ce qui est bon pour toi », il rompt le contrat d’élévation mutuelle existant entre eux. Les parents élèvent peut-être leurs enfants, mais les enfants élèvent aussi leurs parents. C’est ce qui devrait nous guider dans nos rapports avec nos enfants : respecter leur vérité en incarnant la nôtre.
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article