«Si tu prends une minute pour observer une orange, une fleur, la naissance d’un papillon, le fonctionnement du corps humain, tu te rends compte que c'est tellement parfait. La perfection est là, dans tout. Donc, la création ne s'est pas trompée… On ne sait pas comment ça fonctionne exactement et on peut passer notre vie à chercher. Mais moi, j’ai décidé que c'était fini. Je ne vais pas chercher à creuser le mystère. Je vais apprendre à me maitriser dans ce Grand jeu-là où oui, je crois que tout est parfait.» François Lemay
Par Marilyne Petit, Auteure
Qu’il soit sur scène, à la radio ou en tête à tête, François Lemay est exactement le même être humain et je comprends pourquoi tant de gens l’aiment. Je fais le pari que vous allez l’aimer aussi!
Lorsque tu étais jeune, est-ce que tu te questionnais déjà sur le sens de la Vie à cette époque?
Tu sais, j'aimerais bien pouvoir dire que lorsque j'étais jeune je pensais à mon âme, à mon incarnation… Mais non, pas du tout! Mon petit univers se résumait à l'école, que je n’aimais pas trop, et à mes amis et au sport que j’aimais beaucoup. Je ne me posais même pas de questions sur la vie. Je te dirais même que jeune adulte, je ne me suis jamais posé de questions sur le sens de la vie. J’étais entrepreneur, j’avais du succès, c’est tout!
Mais à 28 ans, suite à un burnout, j’ai commencé à me poser des questions existentielles. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Je ne me reconnaissais plus. J’avais juste envie de pleurer. J’avais l’impression que personne ne pouvait me comprendre. Je me sentais vide et sans ressource, et quand je dis le mot « ressource », je ne savais même pas ce qu’était une ressource à ce moment-là.
Alors qu'est-ce qui fait qu'un jour tu es passé à la méditation?
J'ai été paysagiste durant 10 ans. Pendant toutes ces années, je me suis littéralement perdu, oublié. Sept jours sur sept, je portais un chandail et une casquette qui arboraient le logo de mon entreprise, j’étais devenu mon entreprise. Jusqu’au jour où la Vie m’a fait le plus beau des cadeaux, mon burnout. Parfait!
C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à assister à des conférences et à lire des livres sur le développement personnel. Peux-tu croire que j’avais 28 ans et que je n’avais jamais lu un livre autre que ceux qu’on m’obligeait à lire à l’école? Au début, je trouvais cela difficile. Je devais souvent recommencer la même page, car lorsque j’arrivais à la fin je ne me souvenais plus du début. Mais de livre en livre, je suis devenu boulimique de connaissances. Je lisais tout ce qui me tombait sous la main : Robbins, Canfield, Tolle…
Et tu as commencé à méditer?
Au travers de ma quête, j’ai rencontré quelqu’un qui faisait de la méditation et j’ai décidé d’essayer. Mais comme je ne faisais jamais rien à moitié, au lieu de m’inscrire à un atelier d’introduction à la méditation, j’y suis allé pour la totale, soit dix jours de silence à méditer non-stop. Pas le droit de parler. Pas le droit de lire. Pas le droit d'écrire. Pas le droit de regarder personne dans les yeux… Dix jours assis par terre, sur un coussin, à observer ton esprit.
Est-ce que le changement vers la pleine conscience s'est fait en douceur?
C’est tout un art que de vivre en pleine conscience, un art qui devrait nous être enseigné dès notre plus jeune âge d’ailleurs! Est-ce que ça s'est fait en douceur? Pas du tout! En réalité, ÇA NE SE FAIT JAMAIS EN DOUCEUR. La souffrance est inévitable, car elle nous pousse à nous questionner. Mais qui aime souffrir? On doit donc se pratiquer à accueillir ce qui est… Sinon, ce à quoi on résiste, persiste!
Nous avons besoin de vivre des contractions pour éveiller notre conscience. Annie Marquier disait : « Après la souffrance vient la conscience. » On a juste à penser à la résistance que doit vivre le petit poussin juste avant qu’il ne brise sa coquille. Et quand on observe la Nature, la contraction est toujours suivie d’une expansion; on vit dans un monde de dualités : le jour et la nuit, le bonheur et le malheur, l’ombre et la lumière… Alors pour moi, ça s’est aussi fait à coup de contractions comme un burnout, une faillite, une séparation et ainsi de suite. Et je vis encore des contractions aujourd’hui, mais je sais que chaque contraction va permettre une nouvelle expansion de ma conscience.
Où as-tu trouvé la force d’avancer malgré toutes ces contractions?
En dedans de moi. Mais je dois dire qu’au début, je me suis senti vraiment seul. Aujourd'hui, c'est génial parce que je suis bien entouré, mais avant d’en arriver là, j'ai traversé une période véritablement souffrante où j'ai perdu 80 % de mes amis. Ils m’ont jugé parce qu’ils ne comprenaient pas ce qui se passait. Je me suis senti rejeté, et c’est venu réveiller mes blessures d’abandon et de trahison. Mais… C'est exactement ce dont j’avais besoin à ce moment précis de ma vie.
Aujourd’hui, je ne leur en veux pas, car j’ai compris qu’ils s’inquiétaient pour moi. Mon père s’inquiétait, ma mère et mes amis aussi. Lorsqu’on se libère, qu’on change, les autres autour de nous sont aussi touchés. Il ne faut surtout pas leur en vouloir. Il faut avoir à l’esprit que tout ce qui arrive est toujours parfait, malgré toutes nos contractions. À ce moment-là, est-ce que j’avais conscience que tout était parfait? Non! Au contraire. J’étais souvent en colère contre mes parents, contre mes amis… J’avais l’impression qu’ils ne me comprenaient pas. Mais avec le recul, aujourd’hui, je comprends.
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article