Les circonstances qui ont entouré la naissance de VIVRE m’ont propulsée dans un chaos tel, que j’ai longtemps cru que je n’en sortirais jamais : décès subit de mon ami et associé, escalade de problèmes financiers, inexpérience totale du métier… Le Chaos avec un grand C.
Si, à ce moment précis, quelqu’un était venu m’inviter à danser, je lui aurais vite claqué la porte au nez. Et pourtant, aujourd’hui, après 22 ans et 122 « accouchements », je vois les choses différemment. Mais…
Quand tout a commencé…
J’ai eu l’impression d’avoir été catapultée au milieu d’une guerre que d’autres avaient déclenchée. J’avançais à tâtons, la peur au ventre, sans jamais savoir ce qui m’attendait. Ma vie était devenue une succession de problèmes à régler entre deux magazines à éditer.
Si j’étais épuisée physiquement, je vous épargne l’état dans lequel se trouvaient mes pensées. Il suffisait d’un microscopique déclencheur pour les voir anticiper les pires malheurs. Elles savaient comment transformer une brise d’été en cyclone déchainé.
Fin du monde?
Après avoir vécu, « grâce » à mes pensées, 1000 fins du monde qui ne sont jamais arrivées, après avoir fait 1000 faillites hypothétiques, après m’être nourrie de l’idée que j’allais échouer, eh bien, un beau jour, j’ai réalisé que j’étais toujours là, bien vivante, et que toutes les catastrophes que mes pensées avaient anticipées ne s’étaient jamais matérialisées! Sans blague! Aucune…
Oui, les problèmes que j’ai rencontrés étaient bien réels. Oui, les fins de mois étaient toujours atrocement serrées. Mais jamais au point de me retrouver à la rue sans rien avoir à manger. Et même, curieusement, chaque fois que je me préparais à abdiquer, il se produisait toujours un revers de situation aux effluves de bénédiction qui m’invitait à continuer.
Puis, j’ai réalisé…
Il m’aura fallu des années avant de réaliser que tout avait été vraiment, mais vraiment plus difficile entre mes deux oreilles que dans la réalité. Mais alors… Est-ce à dire que le chaos que j’ai traversé n’était qu’affabulation de mon imagination.
Ô que non! Ça, je peux vous l’assurer. Mais est-ce que tout aurait été aussi douloureux à vivre si j’avais su rester centrée dans la réalité, Présente à ce qui est, sans me laisser déporter par mes pensées? Sûrement pas!
Avec du recul, j’ai compris que…
Le chaos ne se présente jamais dans notre vie juste pour s’amuser à la chambouler. Non! Il vient l’orienter dans la bonne direction, celle qu’autrement on aurait pu ignorer. Il vient nous aligner sur le plan de match que nous avions en poche lorsque nous sommes arrivés.
Je parle ici de ce que notre âme est venue expérimenter : faire le métier pour lequel nous sommes né.es; apprendre à s’aimer et à se respecter, soi en premier, et à aimer l’autre dans son unicité; quitter l’hypnose collective pour exercer notre liberté de ressentir et de penser; passer de qui l’on voudrait que l’on soit à qui l’on est en Vérité!
Grand reset? Non! Grand Réveil!
Et si le chaos peut s’inviter dans une vie en particulier, il peut aussi choisir de s’inviter dans toute l’humanité! N’est-ce pas ce qui nous est arrivé dans les trois dernières années? Suffit de prendre un peu d’altitude pour réaliser à quel point nos vies ont changé!
Réorientations professionnelles; déménagements; regroupements en familles de valeurs, non plus seulement en familles de sang; réévaluation de nos priorités, de nos amitiés, de notre façon de penser, de consommer. C’est dire à quel point nous étions mal barré et qu’il était grand temps de nous Éveiller.
Et si l’on apprenait à danser!
Le chaos fait partie de la Vie, c’est d’ailleurs l’un de ses plus puissants alliés. Comme un bon chien de berger, il fera tout ce qu’il faut pour ramener les « brebis » qui sont en train de s’égarer, que ce soit au niveau de leur façon d’être, de faire ou de penser. Pour la Vie, notre vie est beaucoup trop précieuse pour que nous passions à côté.
Avoir su, à l’époque, que c’était la Vie qui m’invitait à danser, je ne lui aurais pas claqué la porte au nez. J’aurais appris à danser! Mais aujourd’hui j’ai compris. Rester centré.e, Présent.e à ce qui est, et envoyer valser nos pensées!
Lucie Douville, Éditrice
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article