Vaincre nos peurs, les dépasser; transformer la peur de l’échec en moteur de réussite, est-ce seulement possible? Laisser au placard les peurs qui nous paralysent et qui nous empêchent de vivre n’est peut-être pas si utopique que ça…
Par Sylvie Lauzon
Si cette pandémie nous a appris quelque chose, c’est que la peur que l’on ressent peut grandir jusqu’à devenir collective, et freiner les élans des plus audacieux d’entre nous.
Ne nous leurrons pas, les peurs disparaissent, se transforment et réapparaissent tout au long de nos vies. Elles peuvent s’insinuer dans les recoins de nos esprits à n’importe quel moment. Les monstres qui hantent les placards de nos enfances ne disparaissent pas toujours lorsqu’on devient adulte.
Quand la peur paralyse
Quand on a peur, on craint l’échec, et parfois, plutôt que de prendre le risque d’échouer, on ne fait rien. On a l’impression d’être en sécurité derrière nos portes fermées. Pour l’auteure et entrepreneure, Annabelle Roberts, avoir peur de l’échec, ça veut dire avoir peur du rejet…
Cette peur du rejet ressemble à une porte entre qui je suis aujourd’hui et qui j’ai envie de devenir demain. Dans son livre : La théorie de la veste, une méthode-choc pour faire de l’échec une force, elle nous dit avec beaucoup d’humour que l’échec ne tue pas. Sa méthode-choc pour réussir : essayer d’échouer tous les jours. Voici donc le moment venu d’apprendre ensemble comment se prendre une veste.
Jamais deux sans trois
Sa théorie de la veste, Annabelle Roberts l’expérimente depuis 2013. Après avoir quitté un travail somme toute pas si mal, elle se lance en affaires. Sa salle de lavage devient son « quartier général ». Elle a un bon réseau de contacts, mais ne trouve pas le courage d’appeler qui que ce soit. Après ces quelques jours passés à fixer son téléphone, elle se dit qu’étant donné qu’elle a peur de l’échec, aussi bien les programmer. Elle décide de ne pas arrêter de tenter le coup de faire des appels tant et aussi longtemps qu’elle n’aura pas essuyé trois échecs tous les jours. La théorie de la veste (LTDLV) venait de naitre.
« Se prendre une veste, ça veut dire se prendre une claque sur la gueule. Un collègue professeur m’a expliqué qu’en France, il y a longtemps, quand on courtisait une femme, on la rencontrait au salon en présence de ses chaperons. On prenait le thé et on conversait. Si la dame courtisée ne voulait pas du monsieur, elle demandait au valet qu’il lui amène sa veste et lui montre la porte. Se prendre une veste est probablement plus élégant qu’une claque, mais c’est tout aussi éloquent. »
Annabelle a toujours su ce qu’elle allait faire, ce qu’elle avait envie de faire. Elle voulait créer, écrire, communiquer. Il y a cette expression anglaise qu’elle adore et déteste à la fois : « bloom where you are planted », « fleuris là où tu as été semée ». Elle l’adore parce qu’elle parle d’épanouissement, elle la déteste parce qu’elle implique qu’on ne peut choisir d’évoluer là où on veut.
« J’ai écrit ce livre pour tous ceux et celles qui, comme moi, sentent qu’ils sont nés dans la mauvaise famille, le mauvais système de valeurs, ou encore dans la mauvaise religion. On ne peut pas changer la main que nous a distribuée l’univers, mais on peut choisir les cartes à jouer. J’ai écrit ce livre pour tous ceux et celles qui, comme moi, ont envie de fleurir là où ils n’ont pas été semés. »
RÉUSSIR, C’EST…
« On vient tous au monde avec ce que j’appelle en anglais, des draws, des attirances. Petit, on aime plus ceci ou cela, on joue à un jeu plutôt qu’à un autre. Ce sont des indicateurs de qui nous sommes. Réussir, c’est quand on est épanouis dans notre capacité à poursuivre ce qui nous anime dans la vie. Quand on est libres de suivre notre magnétisme personnel, la vie devient une source d’épanouissement. C’est ça la réussite. »
« Être soi-même au travail, à 100 % soi-même, rend plus heureux et plus performant en équipe. Montrez votre vulnérabilité. Je ne comprends pas pourquoi certaines entreprises résistent autant sur ce point. Et si, comme je l’ai souvent entendu dire par mes collègues et mes amis vous avez peur de dévoiler votre vulnérabilité parce que “vos collègues risquent de l’utiliser contre vous”, dites-vous que ceux-là ne méritent pas d’avoir une place dans votre vie. »
« La connaissance de soi est à la base de tout et pour moi l’une des choses les plus négligées de nos jours. Il faut prendre le temps de se poser des questions, de trouver nos réponses, et réfléchir avant de parler. Ce qui m’attirait toute petite, la communication, la création et l’écriture sont toujours aujourd’hui au cœur de ma vie personnelle et professionnelle. »
L’ANTICIPATION, PIRE QUE LA RÉALITÉ
« Le monde appartient à ceux et celles qui osent. C’est facile à dire, mais ce n’est pas concret. J’ai encore aujourd’hui la peur du rejet. Je comprends qu’il me faut chaque fois passer cette porte entre là où je suis, et là où je veux être. Je comprends que le prix à payer pour ouvrir la porte et passer de l’autre côté, c’est de ressentir ce sentiment désagréable. Je n’ai donc qu’à ressentir pour passer la porte. »
« Je ne veux pas peindre un tableau tout rose, ça fait mal d’échouer. Les vestes sont des terrains fertiles pour plus de vestes. En osant, on devient de plus en plus audacieux. Les échecs font de moins en moins mal et les succès génèrent toujours plus de confiance en soi. Chaque petite opportunité nourrit cette confiance. Gagner booste la confiance. Quand on se prend une veste, ça veut dire qu’on a tenté le coup. On ne réussit peut-être pas toujours à atteindre exactement ce qu’on voulait, mais il se peut qu’on tombe sur quelque chose d’autre qui soit très sympathique. »
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article