«La première question que je pose en début d'atelier est toujours : « Qu'est-ce que c'est être soi? » Toutes les réponses vont dans le même sens : c'est être aligné avec ses valeurs, être authentique, spontané, vrai.semble si simple quand on en parle comme ça. Je leur demande ensuite : « Alors pourquoi est-ce que ça demande du courage d'être soi? Si on parle de « courage », c'est qu'il y a une notion de « danger ». « Quels sont les dangers d'être Soi? » Tout le monde arrive à la même conclusion : la peur d'être rejeté, abandonné.» Renée Rivest
Par Marilyne Petit, conférencière, auteure et coach professionnelle
Comme j'avais hâte de rencontrer Renée Rivest. On m'avait souvent parlé de la méthode ReGain et j'étais vraiment curieuse d'en savoir davantage sur la méthodologie, mais aussi sur celle qui s'était laissé inspirer par la magie de l'uvre d'Hergé pour aider les autres. De plus, je dois vous l'avouer, j'ai un faible pour Tintin. De plus, je venais de lire « Renard », une magnifique fable sur le courage d'être soi, et j'avais le privilège de rencontrer l'auteure.
Lorsque je lui ai demandé où la conduisait « Renard », elle m'a répondu : « Renard, comme Tintin d'ailleurs, fait partie de moi sans faire partie de moi. Je ne sais pas si c'est lui qui me conduit ou si c'est moi, c'est une aventure ensemble. »
À l'âge de 10 ans, tu avais déjà le rêve d'aider le plus de gens possible à vivre cette paix?
Oui en effet! Je m'en souviens comme si c'était hier! Ce rêve m'a inspirée et m'a guidée tout au long de ma carrière. Cela a toujours été ma quête d'essayer de créer ce lien de confiance, de sécurité dans la relation. J'ai vu tellement de relations blessées, de gens se heurter par des mots, des violences physiques et émotionnelles de toutes sortes. Je savais qu'il y avait des blessures, de la maladresse, de l'inconscience derrière tout ça. Ce n'était pas ce que les gens voulaient, mais bien souvent ils manquaient de mots pour pouvoir se rencontrer.
C'est là que j'ai compris qu'un « re-proche » (être proche de nouveau), c'est une blessure au rapprochement : « Je ne veux pas te blesser, mais je ne trouve pas les mots pour te retrouver. » Le reproche crée carrément l'inverse de ce que l'on veut, il éloigne. Une question m'habitait alors : « Comment trouver les mots pour se retrouver et se reconnecter ensemble? »
Comment exprimer avec les bons mots ce que je ressens à l'intérieur de moi pour te les offrir et qu'on se rencontre? Comment faire pour que je sois capable de t'entendre sans me fermer et sans tomber dans une violence contre toi, parce que moi aussi j'ai mal et je ne sais pas comment te l'exprimer?
Trouver les bons mots est quelque chose qui devient possible quand on a le courage d'être soi?
Complètement. J'ai pu voir qu'une des plus grandes peurs est d'aller à l'intérieur de soi. Ce n'est pas facile d'aller toucher à la souffrance qui nous habite. J'ai donc décidé de faire des recherches en neurobiologie où j'ai découvert que le cerveau était fait pour éviter le plus possible de souffrir. Pour éviter qu'on souffre, il déploie de multiples stratégies de protection. C'est à la fois neurologique et chimique.
D'une certaine manière, c'est extraordinaire, mais comme tout se passe au niveau de l'inconscient, ça peut bloquer notre accès à notre vrai soi. Donc, comment dépasser ces stratégies de protection qui se placent comme un filtre, comme une barrière derrière laquelle se retrouve notre vrai soi pour enfin se rapprocher de plus en plus de qui on est? C'est à travers toutes mes années de thérapie que j'ai réalisé toute la richesse à laquelle j'avais accès en apprenant à rencontrer mes zones de souffrances avec bienveillance. Le chemin ne fut pas toujours facile, mais c'en valut la peine.
Je crois que le chemin humain que nous sommes venus faire ici, c'est non seulement d'aller chercher notre zone de lumière, mais c'est aussi d'avoir le courage d'embrasser son ombre.
Si nous regardons et accueillons notre histoire avec bienveillance et compassion, nous verrons que c'est justement ce chemin parcouru qui fait de nous qui nous sommes aujourd'hui.
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article