Saviez-vous que la mort n'attend pas notre dernier souffle pour nous toucher? Chaque jour, à travers toutes les pertes, les renoncements et les recommencements que la Vie met sur notre chemin, elle nous effleure discrètement pour nous permettre de la rencontrer au grand jour. Même lorsqu’elle se déguise sous une autre apparence, lui permettant souvent de passer inaperçue, elle bouleverse les gens et ne laisse personne indemne.
Sylvie Ouellet
Elle fait si peur et si mal, comment pourrait-elle nous échapper lorsqu’elle passe dans les parages? Pourtant, elle murmure à notre oreille chaque fois que l’on perd un repère, un lien, une illusion.
Oui, nous mourrons un peu chaque jour quand une amitié s’éteint, qu’un rêve s’effondre, que nos enfants quittent la maison ou que notre corps change.
Tremblement de terre intérieur
Ces moments, même s'ils n'ont rien d'un dernier souffle, nous font basculer d'un monde connu à un autre encore flou. Toute mort, même symbolique, agit comme un mini tremblement de terre dans notre univers intérieur parce qu’elle appelle au détachement. Délaisser ce qui ne convient plus pour découvrir d’autres possibilités de s’épanouir réveille nos angoisses les plus profondes.
Toutes les grandes traditions spirituelles, bouddhisme, christianisme mystique, soufisme ou encore la sagesse des peuples premiers, nous rappellent que le détachement est un art essentiel pour vivre librement l’instant présent.
Quand la fin devient un tremplin
Il existe sans doute plusieurs méthodes pour y parvenir, mais la voie symbolique du phénix pourrait nous y aider. Cet oiseau flamboyant ne redoute pas la fin. Il en fait son tremplin. Là où le mental voit un vide menaçant, lui perçoit un seuil qui s’ouvre sur un espace de création. Il ne s’accroche pas à ses plumes d’hier, car il sait que les laisser se consumer est la clé pour renaitre à sa lumière.
Mourir à ce qui a été, ce n’est pas s’éteindre. C’est une invitation à devenir plus vrai, plus aligné, plus vivant. Cela passe par le choix conscient d’habiter nos transitions en les envisageant comme des initiations de renaissance. Pour y parvenir, il faut oser faire ce que notre époque redoute tant : RALENTIR.
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article