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ÉDITO : Je sens, donc je suis…

ÉDITO : Je sens, donc je suis…

Cogito, ergo sum, le fameux Je pense, donc je suis de René Descartes, une citation qui résultera d'une laborieuse réflexion qui aura pour conclusion que seule notre propre existence, en tant que « chose qui pense », est une certitude absolue. Une chose qui pense

Bel effort René Mais depuis les 375 dernières années, votre citation nous a littéralement éloignés de la vérité. Nous ne sommes pas une chose qui pense, mais un être qui ressent

Je pense donc j'existe?
Si la faculté de penser avait autant d'importance, comment expliquer que la seule espèce qui en soit dotée est celle qui est la plus désorientée? Les fleurs, les animaux, les insectes, les oiseaux Ils ne pensent pas mais ils existent, c'est une certitude absolue, et ils le font mieux que nous!

D'ailleurs, sur quoi s'appuie la fleur, l'oie blanche ou la fourmi pour ne pas dévier de sa destinée? Comment fait la fleur pour fleurir au bon moment, l'oie pour migrer au bon endroit, la fourmi pour reconnaitre le bon nid? En réalité, ça n'a rien à voir avec la faculté de penser, mais de syntoniser

Moins je pense, mieux je suis
Grâce à leur sixième sens, elles sont capables de syntoniser la fréquence du code génétique dont chacune de leur cellule est programmée. C'est ainsi qu'elles accomplissent ce pour quoi elles existent pendant que nous, on s'égare à trop penser Merci encore René.

Que se passe-t-il donc avec notre sixième sens? Serait-ce qu'à force de l'ignorer il s'est atrophié? C'est vrai qu'avec une société qui nous incite à ne satisfaire que les cinq premiers, on finit par l'oublier

Comble de malchance, on oublie le seul qui ait la capacité de faire de notre existence une expérience unique et riche de sens. Au contraire, on survalorise cinq sens qui, aux finales, ne pourront nous offrir qu'une vie faite d'illusions et d'apparences nous condamnant à l'errance.

Trop plein de vide
Mais, l'être humain n'étant pas une chose qui pense mais un être qui ressent, vient un jour où il sent que plus rien ne va. Sa vie, trop « bien » remplie, n'a plus aucun sens pour lui et plus rien, à l'extérieur, ne saurait combler ce vide qui se creuse de l'intérieur. Avec cinq sens émoussés et un moral délavé, c'est vers le sixième sens qu'il devra se tourner pour quitter ce monde de futilités et amorcer la quête de sens qui lui permettra enfin d'exister.

Je suis désolée René, mais ici la pensée ne sera d'aucune utilité. C'est de mon ressenti que dépend ma survie! Dorénavant, il faudra que tout ce qui entre dans ma vie soit non seulement en résonance avec qui je suis, mais avec ce code unique autour duquel ma vie s'est articulée depuis que je suis née.

Tous génétiquement programmés
Personnellement, je crois que l'information codée à l'intérieur de notre ADN ne se limite pas au « simple » fonctionnement de notre corps, mais qu'elle transporte quelque chose de plus précieux encore Notre histoire.

Si notre corps est composé de 40 000 milliards de cellules dont chaque noyau contient un filament d'ADN mesurant deux mètres de long, c'est plus d'espace qu'il n'en faut pour emmagasiner l'histoire d'une vie réussie, corps et humain compris.

Vous imaginez la chorale! 40 000 milliards de petites voix qui chantent l'hymne de ma vie. 40 000 milliards de petites voix qui me montrent ma Voie Suffit de tendre l'oreille non plus vers l'extérieur, où tout n'est que leurre, mais vers l'intérieur, où tout est sens pour mon existence.

Sentire, ergo sum
Avant, quand je disais « Je me sens bien », c'était souvent en lien avec mon environnement : beau décor, bons amis, bon vin, beaux vêtements Aujourd'hui, quand je le dis, c'est que je suis en lien avec qui je suis : Sentire, ergo sum. Je ressens donc je suis!

Cher René, comme j'ai choisi d'écarter de ma vie tout ce que je « pensais » bon pour moi, mais qui ne l'était pas, et comme je ne veux garder près de moi que ce qui a véritablement du sens pour moi, je me vois dans l'obligation d'écarter définitivement votre citation. Et vous savez quoi? Je me sens tellement mieux!

Lucie Douville, Éditrice

Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article

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