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DOSSIER : Quand rien ne va plus, tout devient possible… Et ça, c’est merveilleux! avec Denise Noël

DOSSIER : Quand rien ne va plus, tout devient possible… Et ça, c’est merveilleux!  avec Denise Noël

« Ce qui me touche le plus dans toute mon histoire, c'est cette « dimension-là », je ne sais pas comment la nommer... C'est cet « espace-là » qui me dépasse et que je vois comme un immense flot d'amour et de liberté créatrice. Quand j’en parle, j’ai toujours les larmes aux yeux. C'est ce sentiment d'amour et de liberté qui me touche, qui m’émerveille. » Denise Noël


Lucie Douville

Comme tous les enfants, Denise Noël avait l’émerveillement facile, mais la vie qu’elle a vécue, enfant, ne l’a pas été...

Si elle est aujourd’hui une femme exubérante et colorée, enfant, elle était tranquille et silencieuse. Elle vivait dans son monde intérieur. Sa mère, souffrant d’une maladie mentale, a dû être internée alors qu’elle n’avait que 6 ans. Peu de temps après, son père est décédé, les laissant son frère et elle sans parents. En quelques mois ils ont perdu tous leurs repères.

Comment a-t-elle réussi à ne pas s’éteindre et, au contraire, garder bien vivante sa capacité de s’émerveiller, jusqu’à s'en faire une clé essentielle aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle? C’est ce que nous allons découvrir ensemble…

Que s’est-il passé quand ton père est décédé?
Nous sommes devenus pensionnaires. Je me suis réfugiée dans le silence et j’ai développé un monde imaginaire encore plus riche.

Quelle empreinte a laissé ce que tu as vécu avec ta mère?
J’ai longtemps cru que j'étais une mauvaise personne, que je faisais du mal autour de moi, que je ne méritais pas d’être aimée. Avant d’être hospitalisée, ma mère m’avait dit : « Y’a juste toi qui me comprends ». Mais je ne la comprenais pas du tout, au contraire, j’en avais peur. Elle me lançait souvent des regards remplis de haine, même si je ne faisais rien de mal.

Ton passage au pensionnat n’a pas été une expérience facile è vivre…
Vraiment pas… Le soir, au coucher, on disait une prière : « Ce soir, peut-être que mon lit sera ma tombe. Alors, je me prépare… » Tu imagines ce que ça sème dans la tête d’un enfant? Tout était péché mortel. On se sentait toujours coupables.

Qu’est-ce que cette expérience est venue fortifier en toi?
Ma vie intérieure. J'avais déjà une vie intérieure très riche, car je n’avais rien de nourrissant à l'extérieur, je ne pouvais faire confiance à personne. Ma vie intérieure est devenue comme une présence rassurante.

Alors que tu aurais pu t’éteindre, tu as choisi de garnir ta vie par en dedans?
C’est exactement ce que j'ai fait et je suis contente de l'avoir fait, car c’est toujours présent aujourd’hui. Je suis toujours en train d’explorer, de créer. Je chante, je peins, j'écris. Ça nourrit mon âme et ma capacité de m’émerveiller. C’est en partie ce qui m’a sauvée.

Quand tu regardes cette petite fille, que ressens-tu?
Je suis touchée aussi bien par sa vulnérabilité que par sa force. Je suis fascinée de voir comment elle a réussi à garder une forme de naïveté, sans devenir amère face à tout ce qu’elle a vécu. Encore aujourd’hui, j’ai préservé cette naïveté et je n’ai nourri aucune rancœur. Je ne pourrais pas expliquer comment j’ai fait pour ne pas baisser les bras, mais je suis contente de l’avoir fait.

Comment te sens-tu en repensant à tout ça?
Ça m'émerveille. Pour moi, le mot émerveillement est aussi synonyme que quelque chose me dépasse. Il y a quelque chose de plus Grand que moi qui a aussi agi dans tout ça. Quelque part, je n’ai jamais été toute seule…

Tu es allée en Europe avec des amies à la fin des études. Lors du retour, tes amies ont décidé de retourner en Angleterre et tu as dû rentrer seule au Canada.
Comme j’étais très timide, très peureuse, j'étais terrorisée. Le premier matin, après une nuit peuplée de cauchemars, j’ai pris mon courage à 2 mains et je suis sortie pour aller me chercher à manger. Dès que j’ai mis le pied dans la rue, j'ai été enveloppée dans un immense flot d’amour. C’était indescriptible! J’y étais complètement immergée.

Qu’as-tu ressenti?
Je ne pourrais pas le décrire. C'est quelque chose d'immense, d'extraordinairement bon. Ça dépasse tout ce que je pourrais décrire. Si c’était ça ma véritable nature, c’est « quelque chose » de tellement plus créateur, généreux et puissant que l’image que j’ai de mon petit moi avec ses peurs et son besoin de contrôler…

Était-ce une sorte de génie créateur qui nous habite tous? Était-ce une Force de l’univers ou de la Vie? Était-ce le mariage de ma véritable nature et de l’Intelligence de la Vie qui éveille ce génie capable de transformer mes peurs en quelque chose d’aussi merveilleux? Et même si je ne comprenais pas la dynamique derrière ce vaste mouvement d’énergie, j’ai compris que je pouvais découvrir l’amour, la joie et la liberté, même lorsque je vis des circonstances parfois très difficiles.

Qu’as-tu fait?
Tu ne peux rien faire. Tu le vis. Je continuais à faire ma vie, à essayer de fonctionner comme tout le monde; à être ordinaire en vivant l’extraordinaire.

Revenir dans la réalité a-t-il été difficile?
À l’époque oui. Je trouvais ma réalité vraiment étroite en comparaison avec ce que j'avais vécu, mais plus maintenant. Aujourd’hui, quand je me dépose dans ma réalité telle qu’elle est, que je reçois ce que je vis dans l’instant, sans jugement, à partir de là il émerge souvent une vitalité nouvelle, des inspirations, des élans… Je suis toujours émerveillée par ce qui se produit.

Qu’entends-tu par « je reçois ce que je vis »?
Je pourrais aussi dire quand j’accueille ou quand je dis oui à tout ce qui m’habite, émotions, sensations et blocages aussi positifs que négatifs. C’est ça recevoir. En m’ouvrant à ce qui m’habite, sans rien juger, ça crée de l’espace pour qui je suis vraiment et ce que je désire vivre.

Nous devons dire oui autant à ce qui nous entoure qu’à ce qui nous habite! Mais dire oui ne veut pas dire accepter n’importe quoi, mais rester simplement ouverts intérieurement. Ça permet à l’énergie de la Vie, à ce flot d’amour, de circuler à nouveau là où, avant, tout était bloqué, crispé.

On peut donc provoquer ces états dans notre vie?
Pas les provoquer, les inviter. Ce n'est pas la même chose. Quand tu es dans un espace d'ouverture, d’abandon et de création, tu vas avoir plus de chance de les inviter. Il arrive parfois que ça prenne plus de temps, mais tu peux toujours y avoir accès.

Comment établir cette connexion?
J’ai développé plusieurs pratiques à partir des expériences que j’ai vécues, dont : Le Réel Magicien, Le Pré-émerveillement et Le Cœur Créateur.

Par exemple, le matin, au réveil, la pratique du Pré-émerveillement me permet de me pré-émerveiller à l’avance pour tout ce qui va arriver de beau et de bon dans ma journée. Ce matin j’aurais pu dire : « Wow! Je n'aurais jamais pu imaginer combien je me suis sentie vivante lors de mon entrevue avec Marilyne ». En ressentant l’émerveillement dans tout mon corps, je m’ouvre à le créer et à le vivre, au lieu d’être dans l’angoisse de performance ou dans l’attente de résultats.

Ce que j’aime de ton approche, c’est que tu nous ramènes toujours au corps, alors que plusieurs techniques nous gardent dans notre tête…
On est dans le corps tout au long du processus, car quand ça ne change pas dans le corps, ça ne change nulle part ailleurs! L’important, c’est de rester connecté à notre vitalité, de chercher à ce qu’il y ait quelque chose de vivant, de vrai et de senti qui nous surprend toujours un peu.

Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article

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