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DOSSIER : On ne devient pas un maitre… On l’est déjà! Rencontre avec France Gauthier

DOSSIER : On ne devient pas un maitre… On l’est déjà! Rencontre avec France Gauthier

« Il y a une phrase d’un maitre qui m'a marquée au début de mon parcours : Quelle est la différence entre un maitre réalisé et les autres? Le maitre réalisé a simplement réalisé qui était maitre. On n’a donc pas à devenir un maitre réalisé, on a juste à réaliser qu'il est déjà là, en nous. Il n'y a nulle part où aller, à part en soi… » France Gauthier

Lucie Douville

 

L’histoire raconte que, quand il était petit, Obélix est tombé dans la potion magique pour en ressortir avec des pouvoirs exceptionnels. France Gauthier n’est pas tombée dans la potion magique quand elle était petite… C’est une fois adulte, plus précisément en 2002, qu’elle a découvert l’existence de cette potion magique et qu’elle s’y est plongée corps et âme pour ensuite transmettre les pouvoirs exceptionnels de cette potion au plus grand nombre de personnes qui soit!

Entrevues, livres, ateliers, vidéos, conférences se sont alors succédé, et se succèdent encore aujourd’hui, pour le plus grand bien de toutes personnes qui voudraient, à leur tour, découvrir cette potion pour en expérimenter les pouvoirs. L’aventure vous tente?

Voici donc l’entrevue que France Gauthier a accordée à Marilyne Petit. Et si la vie se résumait en un mot, quel serait-il? C’est ce que vous découvrirez.

Dans quel genre de famille as-tu grandi?
J’ai grandi dans la ouate. Je suis née à Maria, en Gaspésie, d’un père médecin et d’une mère infirmière qui s’était fait dire par son mari : « Tu vas rester à la maison et faire des bébés… » Ç’a probablement été un des plus grands drames de sa vie, puisqu’elle avait assurément l’essence d’une soignante. J’ai donc été élevée dans une famille bourgeoise avec une mère extraordinaire qui aurait pu être médecin. J’ai reçu beaucoup, beaucoup d’amour. Ç’a aussi été une leçon pour moi et j’ai cherché plus tard, dans la vingtaine, à exprimer mon essence pour ne pas répéter le pattern familial.

À sept ans, mon père a décidé de déménager à Québec pour qu’on puisse aller à l’école privée. C’était important pour lui. Mes études se sont très bien passées. J’avais déjà la graine de l'animatrice et de l’enseignante que je suis devenue. J’adorais être sur la scène, animer tout ce que je pouvais animer, me déguiser… Bref, j'avais déjà ça dans le sang. Mais, comme j’étais fille de médecin et que j'avais de bonnes notes, on m'a dit : « Tu vas être médecin comme ton père ». 

J’avais 14 ans quand mon père s’est suicidé. Il était maniacodépressif. Malgré un diagnostic de dépression, et comme le lithium n’existait pas encore, il n'a pas eu accès à une aide médicale. Ma mère, de son côté, a tout fait pour trouver une solution à ses souffrances, sans succès. Ç’a été un choc pour la famille. Personne n’aurait pu se douter qu’il pouvait aller jusque-là. Il n’a laissé aucune lettre… Il a attendu que ses trois filles soient parties jouer au basketball dans un tournoi provincial à Montréal pour poser son geste fatal.

Voulais-tu toujours étudier en médecine?
Oui. Une fois mon secondaire terminé, j'ai pensé à ce moment-là à devenir médecin. J’ai étudié en sciences pures, puis en sciences de la santé à l'université Laval. Mais à 23 ans, j'ai fait ce qu’on peut appeler une mini dépression. J’ai compris à ce moment-là que je n'allais jamais devenir médecin… J’étais beaucoup trop sensible, beaucoup trop empathique pour être médecin. Je dis souvent à la blague : « Je ne me serais pas rendue au bout de mon livre de pathologie que, par empathie, j’aurais développé toutes les maladies du monde. »

QU’EST-CE QUE J’AIME?

Je me suis donc questionnée : « OK… Qu’est-ce que tu aimes faire France? Quels sont tes talents naturels? » J’ai réalisé que ce que j’aimais le plus, c’était écrire, chanter, animer, enseigner. Et ce qui m’est venu spontanément à l’esprit ça été : journaliste!

Moi qui n’avais jamais ouvert un journal de ma vie, j’ai pris l’avion pour rencontrer une amie de ma mère à Paris qui était directrice des nouvelles à Antenne 2, aujourd’hui France 2. J’ai suivi une journaliste pendant trois jours et là, j’ai su… Je suis donc revenue au Québec pour entreprendre mes études en journalisme.

Quel a été ton domaine de prédilection?
J’ai été journaliste d'enquête, notamment pour Jean-Luc Mongrain, pendant trois ans au milieu des années 1990. J’étais une petite vedette. On m'arrêtait sur la rue : « Hey, la fille à Mongrain, tu vas régler nos problèmes? » Alors, tous les jours, je portais sur mes épaules le poids d'un million de téléspectateurs qui s'attendaient à ce qu'on les aide à s’en sortir.

D’un côté, cette reconnaissance me faisait me sentir vivante, mais en même temps, je sentais que j'étais un peu à côté de ma vie. Puis, un matin, je me suis réveillée et plus rien n’allait. J’étais étourdie, j’avais la vision embrouillée et je ressentais une grande fatigue. J’ai décidé de prendre quelques jours de repos, mais ça n’allait toujours pas mieux. J’ai été malade pendant toute l’année de mes 33 ans, que j’ai surnommée « mon “christ” d’âge! »

Durant cette année-là, j'ai réalisé que je croyais que si je ne faisais rien, je ne valais rien. C’était à la fois dramatique et intéressant de réaliser à quel point nos sociétés se sont construites autour de l’illusion que pour être quelqu’un, il faut faire quelque chose, atteindre des résultats, être reconnu par les autres. Ça n'a pas vraiment été un éveil spirituel, mais à l'intérieur de moi j’ai ressenti ce que j’appellerais un schisme. J’ai réalisé à ce moment-là que je devais changer de vie. 

Que s’est-il passé par la suite?
Après 11 mois d'investigation, j’ai fini dans le bureau d'un psychiatre extraordinaire qui m'a dit : « Madame Gauthier, vous n'êtes pas folle. Vous avez ce qu'on appelle le syndrome de l'hyper performance. Vous n'êtes pas toute seule à vivre ça. On va vous donner une petite pilule pour redémarrer la machine, parce que vous avez mis vos batteries à plat. Mais vous allez devoir faire des changements dans votre vie… »

Au bout de quelques semaines, j'allais tellement mieux que j’ai pu recommencer à travailler. Comme Jean-Luc Mongrain avait changé d’antenne, je faisais de petits contrats ici et là. Puis je suis tombée enceinte de mon premier enfant. Ç‘a été déterminant dans mon cheminement. Je touchais à une autre dimension de la Vie : je sentais la vie grandir en moi.

Six mois après avoir accouché de mon fils, j'avais déjà accepté un contrat d'animation à temps partiel. Je pouvais m'occuper de mon bébé sans arriver trop tard à la maison.

PORTÉE PAR UN REGARD NOUVEAU SUR LA VIE

Cette expérience a complètement changé mon regard sur ma vie professionnelle. Ça n’avait aucun sens de continuer à travailler comme avant et de ne pas être là pour mes enfants. J’ai réalisé de petits contrats d’animation durant toute la période où les enfants étaient jeunes. J’ai été animatrice pendant 12 ans. Cela me rapprochait de plus en plus de ma nature profonde, soit une enseignante-animatrice. Pendant ces années-là, je travaillais aussi pour Claire Lamarche comme chroniqueuse.

Est-ce que la spiritualité était déjà présente dans ta vie?
Zéro pis une barre. Pour moi, tout ce qui ressemblait à un gourou était synonyme de charlatan. Avant 2002, je n’avais même jamais entendu le mot médium. Un jour, Claire Lamarche m’a demandé d’aller interviewer une médium qui, par l’écriture automatique, disait communiquer avec les morts. Sur le coup, je me suis dit : « Ben voyons donc, ça existe cette affaire-là?! »

Claire m’a dit : « Tu es journaliste d'enquête et tu es la seule de l’équipe qui a perdu un parent. Tu vas le savoir tout de suite si c’est un charlatan! » Tu imagines la fissure que ç’a fait dans mon cerveau quand j'ai accepté? Je me suis présentée devant la médium les bras croisés en me disant : « Impressionnez-moi, madame! » Et c'est exactement ce qu'elle a fait!

J’ai rapidement reçu un message de mon père qui, hors de tout doute, ne pouvait pas venir de la dame… Il y avait des choses qu’elle n’aurait jamais pu savoir, des révélations que ma mère a pu confirmer le soir même. J’ai été tellement ébranlée que ça fait maintenant 22 ans que j’explore cet univers-là!

En fait, j'ai pris mon bagage de journaliste d'enquête et je l'ai utilisé pour amorcer une quête de compréhension de sens, de vérité. Après cet évènement-là, ma vie n’a plus jamais été la même. Je pensais pouvoir retourner à ma petite vie tranquille de journaliste, mais non.

Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article

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