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SCIENCE ET CONSCIENCE : Oser l’incertitude et retrouver l’Unité

SCIENCE ET CONSCIENCE : Oser l’incertitude et retrouver l’Unité

Lors d’une entrevue avec un maître bouddhiste, je lui ai demandé s’il avait un conseil pour être plus heureux? Sa réponse fut immédiate : « Être satisfait, content dans chaque instant. » Une sagesse simple, qui demande d’oser accueillir l’inconnu.


Philippe Brouillard

Il arrive que la vie ressemble à un film en noir et blanc, où chaque jour se répète comme une copie du précédent. Rien de dramatique, tout devient monotone : signe de notre attachement au connu. Avancer sur des rails du connu rassure, mais réduit peu à peu notre joie et liberté intérieure.

Selon Bouddha, l’une des grandes sources de souffrance est l’attachement. En nous accrochant à ce qui est certain, nous perdons l’élan qui nait dans l’inconnu. Et si le bonheur véritable – cet état où tout semble nouveau et lumineux – n’était possible que dans l’incertitude, l’inconnu? 

Une sécurité qui enferme
Le cerveau humain aime le prévisible. Les neurosciences l’ont montré : la familiarité réduit l’adrénaline et le cortisol, ces hormones de vigilance qui donnent l’illusion de sécurité. Mais ce confort devient une prison invisible : mêmes pensées, mêmes émotions, mêmes comportements. La routine devient un écran de verre : on voit la vie passer, sans la toucher.

Dans le langage de la physique, c’est le règne du newtonien : un monde stable, déterministe, où chaque cause produit le même effet. Mais rester trop longtemps dans cette réalité finit par éteindre le bonheur.

L’incertitude comme berceau du bonheur
Le bonheur ne nait pas de la répétition, mais de la rencontre avec l’inattendu. C’est dans l’inconnu que nous retrouvons l’émerveillement, cette vibration intérieure qui élargit notre regard.

La physique quantique illustre cela avec le principe d’incertitude : la réalité fondamentale n’est jamais totalement prévisible. Une particule existe en superposition de possibilités, et ce n’est qu’au moment où elle est observée qu’elle se manifeste. En d’autres mots, l’univers contient toujours une part d’inconnu, et notre conscience influence ce qui prend forme.

Et si, au lieu de répéter nos automatismes, nous choisissions d’être témoins actifs? Dans la vie quotidienne, cela se manifeste lorsque nous cessons de réagir selon nos habitudes (le connu) pour accueillir ce qui se présente (l’inconnu). C’est là que la joie se déploie.

Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article

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