Comment parler de liberté quand la planète tout entière en est privée à différents degrés : obligations, menaces, interdictions sont devenues le lot, entre autres, des personnes qui se sont accordé la liberté de réfléchir avant d’agir, la liberté de questionner afin de faire un choix éclairé.
Cette attitude vaut-elle d’être condamnée? Non! Pas plus que celle des personnes qui ont choisi d’acquiescer aux consignes imposées. Soumission, insoumission… Libre à chacun de choisir.
Se soumettre, c’est…
Cette situation soulève quand même des questions. Qu’est-ce qui fait qu’une personne va accepter de voir sa liberté brimée sans trop de difficulté, et une autre pas? D’où vient la propension à la soumission?
Se soumettre vient du latin si submittere, qui veut dire se mettre en dessous. On pourrait aussi dire remettre son pouvoir à… ou se placer sous l’autorité de…, une situation que nous avons tous déjà expérimentée.
On ne nait pas libre, on le devient
Si, dans nos premières années, nous avons cru que le mot liberté nous appartenait, nous avons bien vite réalisé que notre seule liberté avait été de le penser. Comme tous les enfants, nous avons dû nous soumettre à des consignes qui, souvent, n’avaient rien de trop réjouissant. Et la raison invoquée pour nous faire plier? C’est pour ton bien!
Brocoli au menu? C’est pour ton bien… Ferme la télé? C’est pour ton bien… Couché à 20 h? Eh oui, c’était aussi pour notre bien. Mais une fois la tête sur l’oreiller, on rêvait du jour où plus personne ne pourrait brimer notre liberté. D’ici là, on devait abdiquer sans trop rouspéter.
De quelle liberté parlons-nous au juste?
Alors oui les années ont passé et oui nous avons accédé à la liberté de faire à peu près tout ce qu’on veut : manger ce que l’on veut, à l’heure que l’on veut, en écoutant la télé. La belle vie quoi! Mais de quelle liberté parlons-nous ici? Surement pas de celle avec un grand L.
Des êtres humains tels que Rosa Parks, Nelson Mandela ou Boris Cyrulnik nous inviteraient surement à voler un peu plus haut pour voir la différence fondamentale qui existe entre la liberté extérieure et la Liberté intérieure, entre celle du faire et celle de l’Être.
Ils nous diraient que la plus grande des Libertés est celle que l’on porte à l’intérieur de soi; que cette Liberté-là ne s’achète pas, elle se cultive; elle ne se voit pas, elle se ressent; elle ne se comptabilise pas, car sa valeur est inestimable. Ils nous diraient aussi, pour l’avoir vécu, qu’il faut parfois perdre notre liberté extérieure pour découvrir la Grandeur de celle qui nous habite.
Apprendre à voler encore plus haut
Si, aujourd’hui, les consignes imposées n’ont rien de trop réjouissant, cette fois-ci, plutôt que d’abdiquer sans rouspéter, je suis invitée à voler assez haut pour enfin comprendre que peu importe la forme d’oppression à laquelle je serai confrontée, obligations, menaces, interdictions ne pourront jamais atteindre mon droit inné à la Liberté.
En me plaçant sous l’autorité de mon intériorité, je vais retrouver ma Liberté, celle qui saura me montrer où se trouve la Vérité; celle qui saura me guider vers des choix éclairés; celle qui saura m’indiquer les gestes à poser et les paroles à prononcer, ou pas… Je le sentirai à l’intérieur de moi.
De la liberté de faire à la liberté d’être
C’est tout un changement de paradigme auquel nous sommes conviés : passer de l’importance du faire et de l’avoir à l’importance de l’être; passer de ce que je pense à ce que je ressens; passer de ce qu’on attend de moi à ce que je veux pour moi; passer d’une vérité imposée à ma vérité profonde. Une partie de moi, en moi, sait exactement ce qui est bon pour moi et c’est en écoutant cette voix que je vais trouver Ma Voie.
Invictus - Celui dont on ne triomphe pas
J’aimerais vous laisser sur les dernières strophes du poème qui a su inspirer Nelson Mandela durant son incarcération, Invictus : « Je ne sais ce que me réserve le sort. Mais je suis et je resterai sans peur. Aussi étroit soit le chemin, nombreux les châtiments infâmes. Je suis le maître de mon destin. Je suis le capitaine de mon âme. »
Lucie Douville, Éditrice
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article