La santé, c'est une invitation à la Verticalité, à la Conscience, à l’Unité - Rencontre avec Michel Odoul
« Je suis le fils d'un garde forestier. Mes parents et moi habitions au bord d'une forêt et donc nous étions en connexion permanente avec la Nature, avec la Vie. Nous avions relativement peu de contact avec la médecine telle qu'on la connait aujourd'hui. Lorsque c’était nécessaire, nous utilisions toujours des méthodes naturelles pour nous soigner, soit des cataplasmes, des ventouses, un peu d'aspirine ou une infusion. Cette enfance, où je m’amusais dans les bois, a constitué en moi, petit à petit, une sorte de rapport avec ce qu'est le monde naturel et la manière avec laquelle il règle lui-même les problèmes. » Michel Odoul
Par Lucie Douville
C’est ce qui a incité Michel Odoul à continuer dans cette direction, c’est-à-dire à traiter les déséquilibres, quels qu'ils puissent être, sans intervention particulière ou même chimique. Et ça l'a accompagné tout au long de sa vie. Dès que quelque chose lui arrivait, il avait préservé cette tendance naturelle à chercher une réponse simple sur laquelle il puisse avoir une action par lui-même.
Ce que j’ai trouvé magnifique dans l’histoire de cet homme, c’est non seulement qu’il a eu la générosité de partager, à travers ses écrits, tout ce qu’il a appris dans son parcours de vie, mais surtout, et je dirais avant tout, l’intelligence de rendre tout ce savoir accessible au plus grand nombre de personnes qui soit.
Choisir la médecine qui nous convient
Pour nous, Occidentaux, il n’est pas inné de saisir toute la sagesse que recèle la Médecine Traditionnelle Chinoise, que nous présenterons parfois dans cet article sous l’appellation MTC. Alors que notre médecine occidentale fractionne notre corps en différentes parties pour ne soigner que celle qui souffre d’un problème, la MTC a toujours considéré le corps humain non seulement comme un tout dont les parties sont interdépendantes, mais comme un tout interrelié avec Tout ce qui existe dans l’univers : le ciel, la terre, les saisons, les saveurs, les cycles, les énergies, qu’elles soient visibles, palpables, ou aussi subtiles qu’invisibles.
Le but n’est pas ici de comparer une approche avec une autre, occidentale contre orientale. Mais si on prend le temps de ressentir celle qui a le plus de sens pour nous déjà nous pourrons choisir de prendre notre santé en mains en suivant la direction qui a le plus de sens… pour nous! Après tout, n’est-ce pas à nous que revient cette douce responsabilité?
Je vous laisse donc en compagnie de Michel Odoul et de Marilyne… Bon voyage en direction de la personne la plus importante de votre vie… vous-même!
Si la médecine occidentale voit le corps comme un ensemble de systèmes à traiter séparément, la médecine chinoise voit le corps comme un tout indivisible qui fait partie de l'univers. Comment en sont-ils venus à cette compréhension?
Il y a plus de 4500 ans, les anciens Chinois avaient établi un principe fondamental : la Vie est bien faite; elle suit des règles et des lois valables pour l'ensemble des manifestations dans l’univers; l'infiniment grand et l'infiniment petit sont gérés par les mêmes lois et règles.
Ils en ont déduit qu'en observant l'infiniment grand, perceptible par nos sens, ils pourraient comprendre l'infiniment petit, qui lui ne l'est pas. Dès lors, ils se sont posés en observateurs du monde et de la Vie.
Ils ont constaté que les êtres humains vivaient entre deux pôles, le ciel et la terre, pôles qui avaient des caractéristiques différentes. Le ciel est en haut, léger, subtil, intangible. La terre est sous nos pieds, lourde, dense, pondérable.
Logiquement, dans toutes les structures de l'univers, il devait exister une bipolarisation et que les caractéristiques du ciel et de la terre devraient nous permettre de définir les caractéristiques qui étaient à la base de l'existence de la Vie et de son fonctionnement.
Ils ont appelé tout ce qui est en lien avec les caractéristiques du ciel, léger, subtil, non manifesté, le Yang; et tout ce qui est en lien avec les caractéristiques de la terre, le lourd, dense, manifesté, le Yin.
Ils ont ensuite observé que quand le ciel et la terre étaient en équilibre, en harmonie, ça produisait le beau temps et lorsqu’ils étaient en disharmonie, ça produisait le mauvais temps.
Ils ont constaté que l'être humain répondait à cette bipolarisation puisqu’il avait une partie lourde, dense, donc Yin, c’est-à-dire son corps, et qu’il avait une partie subtile, légère, non visible, c’est-à-dire son esprit, donc Yang.
Ils en ont donc déduit que lorsque le corps et l’esprit sont en équilibre, ça donne un état d’harmonie, la santé, et que lorsque le corps et l’esprit sont en déséquilibre, ça donne un état de disharmonie, la maladie.
LE TEMPS, L’ESPACE, LES SAISONS, LE CHAUD ET LE FROID
Ils ont ensuite élaboré une structure d'observation du monde. Ils ont constaté que le monde est cadencé à travers deux grandes dimensions qui sont le temps et l’espace. Le temps est défini par ce qui se passe dans le ciel, et l'espace par ce qui se passe sur la terre.
Ils ont constaté que le temps est défini à travers quatre pôles fondamentaux qui sont les saisons, saisons qui régulent et génèrent un certain nombre de choses :
- Le printemps: la durée du jour, la température et la luminosité augmentent.
- L'été : la température est à son maximum, les jours sont plus longs...
- L'automne: la durée des jours diminue…
- L'hiver: la durée du jour, la température et la luminosité sont au plus bas.
Toutes ces caractéristiques ont des interactions sur ce qui se passe dans la nature et sur la terre. On peut donc penser que les organismes humains ont « quelque chose » qui commence à prendre de l'expansion au printemps, qu’elle se dilate pleinement de toutes les fonctions en été et se rétracte en hiver.
Le temps agit aussi sur les organismes humains et sur leur corps physique. Le jour est associé à la chaleur, à la lumière et donc à l'activité, alors que la nuit est associée à la noirceur, au froid et donc au repos.
LE CIEL ORDONNE ET LA TERRE EXÉCUTE
Partant de là, ces anciens Chinois ont déduit que ce qui se passe dans notre univers interagit avec ce qui se passe dans le ciel. C’est ainsi qu’a émergé le principe central de la MTC : « le Ciel ordonne et la Terre exécute ». Qu’est-ce que ça signifie pour l'être humain?
Bien que le ciel, c'est-à-dire le Yang ou l'esprit, ordonne et que le Yin, c'est-à-dire le corps exécute, ce qui se passe à l'intérieur de notre corps est défini par ce qui se passe à l'intérieur de notre esprit, peu importe que ce soit vécu de façon consciente ou non.
Ils ont aussi observé que dans la Nature, la Vie existe grâce à l'eau et que l'eau circule dans des zones appelées rivières. Et donc, à l'identique, il doit exister la même chose dans le microcosme du corps humain. Effectivement, il y a un circuit Yin visible et tangible, soit le circuit sanguin, où la Vie circule via le sang.
Ils en ont déduit que, de facto, il devait y avoir un circuit avec des flux plus subtils de vie dans lesquels circulent les flux qui interagissent avec les champs subtils. De là est né le concept des méridiens énergétiques, les méridiens étant les rivières où circule l'énergie subtile qui anime le corps et l'esprit de l'être humain.
Alors comment s'installe la maladie?
La maladie s'installe à partir du moment où il y a des obstacles à la libre circulation de la Vie, que ce soit dans le champ physiologique ou psychique. Un traumatisme physique ou encore la rencontre avec un agent pathogène va vous rendre malade si votre système immunitaire n’a pas la capacité de vous défendre correctement.
Ce système ne pourra pas vous défendre correctement soit pour des raisons liées à votre comportement et à votre mode de vie : l’alimentation, l'activité, la suractivité, le sommeil; soit à cause que votre mode de pensée est en déséquilibre; soit les deux. Tout ça va générer la manière avec laquelle nous allons ouvrir la porte à la maladie. Et la maladie est là non pas dans un but négatif, mais simplement pour nous inciter à observer et à « reconduire de la conscience » dans la zone corporelle concernée.
En médecine chinoise, on dit que la maladie apparait lorsque la conscience qui habite l'organe le quitte. La douleur liée à la maladie nous oblige à redevenir conscient de l'organe ou de la partie douloureuse; elle nous amène à y réintroduire notre conscience à l'intérieur.
Et il ne faut pas oublier que si la maladie survient sur le plan physique, c'est sans doute parce que sur le plan psychique une partie de nous, que l’on pourrait nommer l’âme, n'a pas eu la possibilité de « nourrir » correctement le plan physique concerné par la maladie. D’où l’importance d’y réintroduire notre conscience.
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article