La peur de l’échec n’est pas innée. La preuve? Si elle l’était, ni vous ni moi ne nous serions jamais levé pour apprendre à marcher de peur d’échouer.
Alors, dites-moi… Qu’est-ce qui a bien pu se passer au fil des années pour qu’un jour on en vienne à avoir tellement peur de l’échec qu’on privilégie la stagnation à l’action?
Les tout premiers pas
Après avoir passé les premiers mois de sa vie à l’horizontale, il n’est pas surprenant que le passage à la verticale demande à l’enfant plusieurs ajustements. Littéralement poussé par l’élan de vie qui l’invite à se lever pour marcher, il sera aussitôt confronté à des lois qu’il va devoir apprivoiser : la gravité, l’équilibre, l’effort musculaire, la synchronisation, la géolocalisation…
Chaque fois qu’il va se lever, tomber, se relever, faire un pas et retomber, dans son cerveau vont s’activer des circuits neuronaux qui, un jour, lui permettront de se lever sans vaciller et de courir sans s’arrêter, peu importe le sol sur lequel il va poser pied.
Échec ou apprentissage
En très bas âge, l’échec est synonyme d’apprentissage. Les réactions souvent euphoriques de son « public » vont donner à l’enfant la force et le courage de se relever, peu importe l’obstacle qu’il va rencontrer ou le nombre de fois qu’il va tomber.
Ce sont les encouragements et les regards bienveillants qui vont lui permettre non seulement de prendre l’échec pour ce qu’il est, l’opportunité d’évoluer, mais surtout de voir dans le fait de tomber une magnifique occasion d’apprendre à se relever. Jusqu’au jour où…
Opportunité ou malédiction?
Les années vont passer et, comme c’est dans l’eau qu’on apprend à nager, la Vie va continuer à nous présenter des défis auxquels nous devrons nous confronter. Toutes ces occasions de « tomber » vont nous permettre de muscler toujours un peu plus notre capacité à nous relever et d’en tirer des leçons essentielles à notre évolution.
Mais sans les encouragements et les regards bienveillants, à force de tomber on va finir par oublier que l’échec est une opportunité. On va plutôt le voir comme une malédiction, un malheureux mélange de critiques et d’humiliations dont l’expérience sera à ce point amère qu’on ne voudra plus jamais, au grand jamais, risquer d’y être confronté. Résultat? On va privilégier la stagnation à l’action.
Et si…
Et si on nous avait enseigné à la maison, à l’école, dans la société, que chaque échec représente en réalité une multitude d’opportunités et que chacune d’elle a pour finalité de nous permettre d’évoluer, d’être toujours plus qui on est, et de réaliser que notre venue sur Terre n'est pas limitée à un mètre carré.
Est-ce que je vais laisser la peur de l’échec me paralyser ou si je vais me lever, avancer, quitte à tomber, pour profiter de toutes les opportunités qu’un éventuel échec pourrait m’apporter si j’avais à le rencontrer? Et sachez que l’échec survient si et seulement si je m’éloigne de qui je suis ou si je suis engagé dans une voie qui ne me correspond pas. Alors… Ce n’est pas une malédiction, mais une bénédiction!
Et donc…
Si j’occupe un emploi dans lequel je ne m’épanouis pas, aussi bien être congédié pour me permettre de me réorienter. Si ma demande d’admission à l’université est refusée, c’est l’occasion rêvée de me questionner sur le diplôme visé. Si je vis dans un couple teinté par l’infidélité, aussi bien voir ce couple éclater pour mieux me retrouver. Si je suis utilisé par un ou une « amie », c’est le temps de revisiter ma définition de l’amitié et d’apprendre à me respecter.
L’échec ne tue pas, il rend plus fort, plus vrai!
Si, dès leur plus jeune âge, on avait appris aux enfants à avoir peur de tomber, avez-vous imaginé l’immobilisme dans lequel on les aurait séquestrés? Au contraire, avec bienveillance on les a encouragés à se relever, peu importe le nombre de fois qu’ils sont tombés.
Ne laissons plus jamais la peur de l’échec nous paralyser. Osons suivre nos élans de vie sans vaciller, peu importe le sol sur lequel on va poser pied. Que ce soit celui de la réussite ou de l’échec, nous en sortirons toujours plus forts, plus vrais.
Lucie Douville, Éditrice
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article