Il y a ce moment, enfoui dans les souvenirs de notre tendre jeunesse, où nous avons pris conscience que la main qui nous nourrit, la main qui nous offre des caresses ne fait pas partie de notre propre personne. Que nous avons une identité propre. Comme l’a dit Arthur Rimbaud : « Je est un autre ». Ce sont nos premiers pas dans l’univers de la conscience de soi, le moment où se définit notre « Moi » ainsi que notre rapport aux autres.
Par Pascale Dufrense
Nous sommes tous entrés dans une histoire dans laquelle nous avons grandi et évolué avec les personnes signifiantes de notre vie. Cette expérience a créé des empreintes émotionnelles, tels des ressentis inscrits en nous à partir de notre expérience émotive : ce qui procure de la joie, de l’amour et est source de sécurité ou, au contraire, ce qui nous semble interdit ou menaçant.
Enseveli sous tout ce que j’ai acquis
Et notre vie suit son cours, se défile pas à pas. Nous déployons des stratégies instinctives et plutôt inconscientes, des réflexes, qui nous servent à faire face à notre environnement. Nous avons appris à penser le monde comme les autres nous l’ont demandé. Nous agissons avec l’autre en tête. Nous portons des masques. Nous avons inconsciemment appris à devenir quelqu’un d’autre à travers nos divers rôles, en pensant être vraiment nous-mêmes, au lieu de créer notre vie à partir de qui nous sommes.
Ainsi, nous passons donc la première moitié de notre vie à accumuler, à nous emplir la tête de connaissances, de savoir, à développer nos compétences et à chercher comment être plus heureux, plus vrais, plus en paix. Notre sac à dos devient non seulement plein, mais bien lourd à porter... Et notre nature véritable se retrouve enfouie sous toutes ces accumulations… Mais vient un jour où on entend l’Appel de notre âme…
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article