Comment allez-vous? Bien disposé? Si vous posez les yeux sur ce texte, c’est que vous avez fait un premier choix… Celui de le lire! Serait-ce que le thème de ce numéro vous interpelle? Si oui, arrivez-vous facilement à choisir, à vous choisir à travers l’infinité de petites et grandes décisions à prendre chaque jour qui passe?
Par Sylvie Lauzon
Est-ce facile pour vous de prendre une décision, de trancher? Ou lorsque vient le temps de faire vos choix, avez-vous plutôt tendance à vous faire tout petit en espérant disparaitre pour ne pas avoir à prendre position?
Laissez-vous les autres décider à votre place? Choisir peut-être à la fois simple et complexe, mais choisit-on vraiment? Ou encore qui, en nous, choisit? Est-ce la partie de nous qui vit dans la peur, le doute ou celle qui vit dans la confiance, dans la conscience?
Une question de confiance
Les réponses à ces questions nous révèlent à nous-mêmes. Choisir, c’est exercer son libre arbitre, c’est apprendre à s’entendre et surtout à s’écouter. C’est apprendre ou réapprendre à s’ouvrir à la Vie en nous et autour de nous.
Pour Lucie Mandeville, auteure et conférencière, choisir est une question de confiance, confiance en soi et dans le monde. Pour elle, choisir ne veut pas seulement dire d’exercer son libre arbitre, mais c’est avant tout de l’exercer avec justesse, avec ce qui a réellement du sens pour elle.
AUJOURD’HUI, JE CHOISIS!
Le mot libre, contenu dans libre arbitre, implique une réelle connaissance de soi, car comment pourrait-on véritablement faire les bons choix pour soi si on est prisonnier de nos conditionnements et si on ne sait pas vraiment qui on est? Le premier pas serait donc d’apprendre à se connaitre. Certains diraient à se reconnaitre, car tout au fond de nous, on ne s’est jamais vraiment perdu de vue. On a juste oublié…
« Est-ce que je sais qui je suis? Répondre à cette question dépend de tellement de choses… Ça dépend aussi de notre évolution. Je crois qu’on se découvre durant toute notre vie. À mon âge, j’ai 63 ans, j’arrive à m’ouvrir à ce que je reçois de la Vie. J’entends de plus en plus clairement ma petite voix intérieure qui me dit si ce sera un oui ou peut-être un non à ce que la Vie me présente. Je choisis. Je dirais qu’aujourd’hui, c’est plus mon être entier qui se positionne face à ce qui se présente à moi, et ça coule tellement plus facilement qu’avant. »
« C’est comme s’il y avait eu une transition dans ma vie. Avant, je disais oui à tout. Sans réfléchir. Je m’épuisais. Je me donnais corps et âme à mon travail, car c’était valorisant. Alors j’ai dû choisir! Est-ce que je vais continuer à m’épuiser juste pour me sentir valorisée, ou si je vais apprendre à respecter mon propre rythme en me valorisant moi-même? »
« Peu à peu, j’ai découvert que pour moi, faire des choix, ce n’est plus juste une question d’écouter ce que ma tête me dit, ça c’est transformé en une forme d’écoute intérieure. Certains appellent ça l’intuition, moi je dirais plutôt que c’est une ouverture à la Vie; une ouverture qui accueille ce qui se présente à moi dans l’harmonie. »
« Aujourd’hui ma vie est merveilleuse. Je n’ai plus peur de rien. Je ne suis plus anxieuse par rapport à la Vie, mais ça a été un mouvement qui s’est installé progressivement. Alors, si je résumais, pour moi choisir, c’est s’ouvrir à ce que la Vie nous offre et ensuite aller de l’avant en fonction de ce que l’on ressent à l’intérieur de soi. »
S’ÉCOUTER POUR MIEUX S’ENTENDRE
Cette fameuse petite voix intérieure, celle qui sait ce qui est beau et bon pour nous, celle qui connait la direction à prendre, le piège à éviter, le défi à relever, a-t-elle toujours été en nous? Et si oui, pourquoi avons-nous fait la sourde oreille si longtemps et comment alors rétablir la communication?
« Cette petite voix intérieure, ma petite voix intérieure, a toujours été là, mais moi je ne l’entendais pas toujours. C’est en partie le message que je veux transmettre : nous nous sommes tous laissés programmer par les différents rôles que nous avons joués dans notre vie. On a été tellement occupés à jouer ces rôles, qu’on n’avait pas le temps d’écouter cette petite voix qui parlait à l’intérieur de nous. »
« Quand on fait de longues études, on finit par s’identifier à un rôle professionnel. On pourra aussi s’identifier à notre rôle de parent, d’adolescent, de citoyen... On passe notre temps à s’identifier. Je suis parent. Je suis auteure. Je suis conférencière… Ça, c’est en surface. Mais au fond, qui suis-je? »
« Tout ça, ce sont des programmations qui nous éloignent parfois de qui ont est vraiment. Ce sont des couches invisibles qui nous recouvrent et, en dessous de tout ça, il y a nous, notre vrai nous, l’authentique. »
« On évolue durant toute notre vie. Dès notre naissance, il y a des exigences sociales qui nous sont imposées et, peu à peu, c’est comme si on développait deux identités. En psychanalyse on parle du ça et du surmoi. Ça prend beaucoup de temps pour se dégager de celle et de celui qu’on a appris à être pour enfin devenir qui on est vraiment… ».
« À 60 ans, fraichement retraitée, j’ai décidé de changer complètement de vie. J’ai acheté une maison en Suède, un pays que je ne connaissais pas et personne ne me connaissait. Ce changement de cap m’a beaucoup aidée à me détacher de toutes les programmations que j’avais reçues. Ça m’a surtout permis d’entendre encore mieux ma petite voix intérieure. »
Que serait notre vie d’adulte, aujourd’hui, si dans nos jeunes années, sur les bancs d’école, on nous avait appris l’Art de choisir?
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article