Lors d’un moment d’énervement suscité par les agissements d’une personne ou par une situation déstabilisante, vous a-t-on déjà servi cette phrase qui résonne parfois comme l’ultime expression de la condescendance : « C’est ton miroir »?
Par Sylvie Ouellet
Ouf! Sur le coup, il y a de quoi être piqué au vif. Alors que nous cherchons à comprendre la situation extérieure, être ramené aussi brusquement à soi nous apparait comme un détour inutile, voire un non-sens qui ne sert qu’à nous clouer le bec. Pourtant, se pourrait-il que ce cliché contienne en réalité une vérité importante pouvant nous propulser vers de nouvelles pistes d’exploration intérieure?
Miroir, miroir, franchement dis-moi! Est-ce que cette situation parle véritablement de moi?
Briser la glace
L’énervement vient diriger notre attention vers la situation qui se produit à l’extérieur de nous. Issu d’un conditionnement toujours d’actualité, on croit dur comme fer que les autres sont responsables de notre vie, heureuse ou malheureuse. L’être humain que nous sommes a été nourri et même il s’est construit par le regard extérieur à un point tel que nous en sommes venus à être persuadés que, sans cet extérieur, nous ne serions rien.
Sans être totalement faux, n’y aurait-il pas là un doux leurre d’où proviendraient toutes nos douleurs? En attribuant la responsabilité de nos problèmes à ce fameux « extérieur », que ce soit l’autre, la vie, les circonstances…, nous nous détournons des vrais « coupables » : les perceptions que nous nourrissons sur la vie et encore plus sur nous-mêmes. Ce sont nos réactions qui créent notre réalité. Comme le dit le sage Mooji : « Rien ne vous arrive. Les choses arrivent. »
À chacun sa réaction
Personne ne réagit de la même manière à ce qui arrive. Si nous croyons fermement que notre réaction témoigne de ce qui s’est réellement passé, en fait notre réaction ne fait que pointer un système réactionnel magnifiquement ficelé dans notre inconscient. « Réagir, c’est agir en fonction du passé. »
Ainsi, ce qui se déroule sous nos yeux n’est qu’un gigantesque miroir de notre inconscient qui pointe, avec une justesse phénoménale, un aspect de nous qui est prêt à être conscientisé. Si trop souvent ce reflet nous donne envie de fracasser le miroir, comme le dit le dicton : « Ne tirez pas sur le messager! »
Un reflet troublant
L’extérieur est un précieux allié, un messager fort utile pour nous permettre de comprendre non seulement nos élans réactionnels parfois disproportionnés, mais surtout notre véritable raison d’être sur Terre. Eh oui, ce fameux miroir extérieur est une grande loi universelle.
Le microcosme contient le macrocosme… Notre monde intérieur se projette à l’extérieur par le biais de nos perceptions. Bien entendu, tant que la glace nous montre la rutilance de l’être que nous sommes, sa parole nous apparait incontestablement d’or. Toutefois, nous pavoisons moins lorsque le reflet nous irrite. L’incompréhension, voire la frustration, nous fait rapidement perdre des plumes.
Il y a de quoi se demander si ce fameux miroir nous dit toujours nos quatre vérités, comme c’était le cas pour la Reine-sorcière Grimhilde dans Blanche Neige et les sept nains. Dans la « vraie vie », est-il possible que cette loi se transforme en oiseau de mauvais augure ou qu’elle devienne un miroir aux alouettes pour nous endormir sous de pompeuses flatteries?
Version intégrale du texte dans le numéro où est paru cet article