À la vue d’un nouveau-né, spontanément, nous le considérons comme un individu sans défense. Que peut-il y avoir de plus fragile qu’un être qui doit tout apprendre de ce monde et acquérir les outils pour y faire face, que ce soit physiquement, émotionnellement ou mentalement? Touchés par cette vulnérabilité et mus par un profond désir de le protéger contre toutes représailles, nous nous adjugeons le rôle de protecteur de ce nouveau citoyen du monde.
Par Sylvie Ouellet, Auteure et conférencière
Tout un rôle dans notre société qui, majoritairement, croit qu’être sans défense face à la vie est une calamité et qui met la vulnérabilité au banc des accusés. Un procès d’intention lui est fait parce qu’on la considère comme une faculté affaiblie qui ouvre la porte à tous les agresseurs de ce monde. Toutefois, à la décharge de l’accusé, se pourrait-il qu’au-delà des apparences, cet état de fragilité se révèle être notre plus puissante protection?
Légitime défense
Quel outrage de vouloir plaider en faveur de la vulnérabilité protestent les défendeurs qui ont à cœur le bienêtre des enfants. Incontestablement, ils argumentent qu’il est légitime et dans l’intérêt supérieur de chaque enfant de tout mettre en œuvre pour qu’il grandisse dans un environnement sécuritaire et aimant.
L’éducation doit le préparer à faire face à la vie, à le rendre autonome et à lui permettre de s’épanouir. En conséquence, ils estiment hors de tout doute que le rôle des adultes est de léguer à l’enfant des défenses qui en feront un adulte bien intégré dans la société. Et si nous avions tort?
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