« Il est trop sensible », « Arrête de pleurer », « Il faut contrôler ses émotions »… Autant d’injonctions que l’on entend dire ou que l’on s’entend dire au quotidien dans nos sociétés modernes.
Par David Alzieu, Psychologue clinicien et Psychothérapeute
La sensibilité est bien souvent, encore aujourd’hui, associée à une faiblesse, une fragilité que l’on doit renforcer, surmonter, parfois même contre laquelle on se doit de lutter. Contribuant ainsi à une société dans laquelle il est toujours plus important de soigner les apparences, souvent au détriment de la véritable subjectivité intérieure.
Krishnamurti écrivait : « Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade. »
Quel monde offrons-nous à nos enfants?
Dans cette optique, quelle serait alors la signification de ne pas se sentir bien adapté à cette société malade? Et pour nos enfants qui arrivent dans ce monde? De quels messages sont-ils porteurs pour la société d’aujourd’hui, prise au piège par son propre cynisme?
Aujourd’hui, plus que jamais, la société moderne industrielle ne cesse de montrer les signes de son agonie, enfermée dans des paradoxes toujours plus profonds. Destruction massive des biotopes, pillage sans relâche des ressources terrestres, société de consommation poussée à l’extrême, sans compter l’illusoire imposture du transhumanisme. Bref, l’égo et la toute-puissance au centre. La quête du pouvoir sur l’autre et l’enrichissement à l’infini sont toujours considérés comme de sains comportements par les instances officielles.
Pourtant, la nature nous rappelle quotidiennement que cette sensation de contrôle, de maitrise voire de toute-puissance de l’Homme sur les éléments n’est qu’une grotesque illusion. Nous sommes bel et bien dans la nature et non au-dessus. Et cela, les enfants et les personnes qui sont restées connectées à leur sensibilité, à leur vulnérabilité, l’ont bien compris. Comment les encourager à rester dans cette direction.
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